Dès ses premières secondes, 99 and 44/100% Dead s’impose comme un pur produit des années 70 : un générique en info-bulles pop-art porté par une BO bondissante signée Henry Mancini, avant de plonger dans un récit qui oscille entre hommage et dérision. Richard Harris, sobre et élégant façon Harry Palmer, incarne un tueur à gages recruté par Edmond O’Brien pour buter le mystérieux Eddie, que l'on découvrira plus tard et son bras droit manchot, campé par un Chuck Connors jubilatoire. À ses côté, un acolyte en costume blanc, interprété par un certain David Zooey Hall – silhouette anonyme et quasi absurde, comme une ombre errant dans ce théâtre de l’outrance –, naviguant entre des bimbo, Ann Turkel en tête.


Le ton est léger, la connerie, massive. 99 and 44/100% Dead est un prototype parfait du cinéma postmoderne des seventies, où le film noir est déconstruit par un pastiche oscillant entre hyperréalisme et distanciation ironique. L’exercice est périlleux : trop appuyé, il risquerait l’effet de pose, figé comme un front trop botoxé. Heureusement, le film trouve un équilibre, un précipité instable entre la série B et la déconstruction consciente du genre.


Néanmoins le plaisir ne vient que par éclats : l’introduction sous-marine, la première apparition de Connors et ses prothèses interchangeables, le désamorçage de la bombe dissimulée dans une école, ou encore ce guet-apens nocturne qui vire au carnage éthylique sur un pont. Autant de morceaux de bravoure qui tiennent lieu de colonne vertébrale au film, plus que toute velléité de narration construite. Car ici, le sens se dilue, se fragmente, se recompose au gré des situations, comme une suite de sketches au pourcentage approximatif.


L’humour affleure, mais sans jamais verser dans le pur cartoon. Il se manifeste par touches : une limousine lancée aux trousses d’un tueur brandissant des bâtons de dynamite, le rire carnassier de Dillman, ou encore cette conclusion subtil et charmante, quelque part entre James Bond et le polar sec à la Bronson. Les premiers de la classe comprendront.

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