Hans Petter Moland a signé le troisième volet des Enquêtes du Département, mais s’est laissé piégé par une intrigue poussive et clichée, contrairement aux deux premiers volets mis en scène par Mikkel Nørgaard, qui prouve encore une fois que le cinéma scandinave réussi à se réapproprier les codes du thriller avec succès.
Refoidis est une belle réussite et a remporté le Grand Prix du Festival du Film Policier de Beaune. Septième long métrage du cinéaste, une histoire de vengeance classique y incluant des thèmes chers au pays. Une petite touche écolo, d’immigration, de mixité sociale, de trafics de drogue, de paternité et d’une justice absente qui fera d’un homme un justicier solitaire et particulièrement tenace.
Deux bandes mafieuses rivales, norvégiens et serbes qui, ne comprenant rien à ce qui leur arrive, décident quand même de se faire la guerre dans une incompréhension totale. L’instigateur de cette guerre des gangs, n’est autre qu’un nettoyeur de routes, citoyen de l’année, médaille à l’appui, (Stellan Skarsgård), un homme tranquille, mais un père dévasté par la mort de son fils. Il décide de mener sa guerre, tout seul et se frottera aux deux parties, semant les morts de manière régulière et tenace…On a déjà le topo décalé et une intrigue qui malgré un ton désabusé et mélancolique, est bien souvent jubilatoire. L’intérêt se situe dans l’écriture et la galerie de personnages, en prise avec un homme censé être inoffensif mais qui prendra la main par sa maîtrise. Des mafieux certes dangereux mais franchement abrutis. Dialogues inspirés et jouissifs dans les convictions des uns et des autres lors de leurs grandes envolées intellectuelles sur le monde... Humour noir, situations loufoques, surnoms absurdes, et une vengeance chapitrée où chaque mort sera marquée d’un carton noir avec un nom et une croix pour se rappeler à la mémoire d’un travail bien fait... et plus à faire.
Les décors glacials sont mis en valeur, la photographie renforce la solitude et la caméra a le bon goût de ne pas insister sur les effets sanglants même si une certaine violence parcourent les actes et les échanges assez régulièrement ponctuée de scènes décalées qui place l'intrigue bien souvent dans la parodie.
Un gros coup de cœur pour l’acteur Pal Sverre Hagen, roi dans son royaume, dépressif, colérique et totalement imprévisible... et bien sûr Bruno Ganz en chef serbe à qui on ne la fait pas, mais définitivement lassé. On retrouve également Jakob Oftebro (Max manus opération sabotage, Kon-Tiki, Les Enquêtes du Département -Délivrance) Kristofer Hivju (Game of thrones), Tobias Santelmann (Kon Tiki et la série Acquitted) et Anders Baasmo Christiansen (Kon Tiki encore et Le secret de l’étoile du nord).
Un western polaire emprunt de gravité, absurde et ironique, à apprécier.