"Le film pour lequel j'ai construit un village" : ainsi Marcel Pagnol présenta-t-il "Regain" à sa sortie, et cet effort, cette dureté de la tâche, le spectateur d'aujourd'hui la ressent encore. Adapté d'un roman de Jean Giono, "Regain" reste sans doute le film le plus ambitieux de Pagnol, et le plus proche de l'univers de l'écrivain : avec un minimum de personnages et un dialogue moins abondant - et moins ludique et théâtral - que de coutume, "Regain" est un drame humain dominé par des paysages à la fois lumineux et austères, et scandé par une symphonie de Honegger. Les personnages au cœur pur et au langage poétique vivent au rythme des saisons, en communion avec la terre, comme chez Giono, et si Pagnol tire cette chronique inspirée du côté de son propre folklore, avec Fernandel et Orane Demazis en particulier, il prouve ici clairement qu'il ne mérite pas sa réputation de faire du "théâtre filmé".