Être le fils de, ça aide énormément à entrer dans le monde du cinéma. Surtout quand papa s'appelle Audiard. Je ne dis pas que Jacques n'a aucun talent, au contraire, je trouve que, même si je n'aime pas tous ses films, il a su construire une bonne carrière, imposer son point de vue et se démarquer de papa. Mais bon. On sent bien que sans la famille, il n'aurait pu ouvrir certaines portes aussi vite.
Ce qui est remarquable, c'est de voir à quel point ce premier film (que je n'avais jamais vu) annonce déjà tous les films suivants de par les thématiques abordées : le corps, le rapport au père, la violence, la misère sociale, la construction d'un système, ... En même temps c'est là le défaut du film : à force de vouloir traiter de tous ces sujets en même temps, Jacques s'emmêlent les pinceaux et le récit semble assez superficiel. Mais ce qui m'a le plus gêné, c'est l'impression qu'il ne se passe rien. La relation entre Marx et Johnny est souvent touchante, mais l'on ne sait pas trop où on va. L'histoire de Simon permet de donner un minimum de rigueur avec un petit objectif principal, mais c'est flou. C'est un problème que j'avais déjà rencontré dans "De rouille et d'os", à savoir des enjeux peu clairs, une impression qu'il n'y a pas de but à atteindre.
Les acteurs principaux sont assez bons. Les secondaires sont moins bons, plus caricaturaux. La caméra colle aux corps, Audiard sait déjà filmer. Il y a tout de même quelques maladresses, quelques plans qui manquent de lisibilité, et quelques effets de style (pompeux) que l'auteur abandonnera fort heureusement par la suite.
Bref, "Regarde les hommes tomber" passionnera le fan club de Jacques Audiard puisqu'on y retrouve vraiment tout ce qui fera son cinéma par la suite ; malheureusement j'ai trouvé le projet inabouti et maladroit.