Suite à l'étrange suicide d'un ponte de la police, l'inspecteur Dave Bannion mène l'enquête sur les raisons du geste. Rapidement les motivations s'éclaire et la triste réalité lui saute aux yeux : le corps de la police est gangrené par la corruption. Du plus petit agent de circulation au chef de la police, il n'y a pas un échelon qui ne soit épargné. Bannion est un jeune policier idéaliste et père depuis peu. Il refuse que sa fille grandisse dans un monde pourri comme celui-là. Ignorant les mises en gardes de la pègre et les injonctions de ses supérieurs (évidemment corrompus), le voilà qui bat le pavé et donne de grands coups de pied dans la fourmilière. L'affront de trop. Sa femme, victime collatérale d'un plan visant à annihiler le flic inflexible, en fera les frais. Sa fille qui ne grandira peut-être pas dans la pourriture et la corruption de son monde, devra en tout cas le faire sans mère. Aidé d'une proche du milieu, il part en croisade contre l'injustice avec la ferme intention de se venger.

Le film est d'une violence assez stupéfiante (l'explosion de la voiture, l'ébouillantage au café, les brûlures consécutives) et raconte, sous couvert d'une intrigue assez classique quoique résolument moderne pour l'époque, la via crucis d'un détective en quête de vengeance sur la sinueuse et très fine ligne de démarcation du bien et du mal. Lang voulait nous montrer "cet instant qui nous échappe", ce moment où un homme accablé par le chagrin et aveuglé par un sentiment de justice exacerbée emprunte le chemin cahoteux du crime. Le moindre faux pas, le moindre écart de conduite et on verse dans l'illégalité. Tout se joue dans l'épaisseur du trait. Aussi droit et incorruptible soit-il, le mot de la fin ne sera pas pour lui. Non, la leçon s'est son amie dans le milieu qui la donnera. Le véritable héros du film c'est elle. Son ambiguïté se lit sur son visage, moitié ange, moitié démon, et se traduit dans ses actes.

Comme je le disais, le film est très violent (je ne m'attendais pas du tout à ça) et bien plus complexe que son postulat de départ : la connivence entre les gangsters, les politiques et la police et la dératisation opérée par un justicier droit et vengeur n'est qu'un prétexte pour sonder l'âme de ces hommes et ces femmes de l'ombre. Glenn Ford est impeccable dans un rôle sur-mesure, Lee Marvin proprement sadique et Gloria Grahame parfaite en ange déchu ou démon absous. Un excellent film noir dirigé par un Fritz Lang en pleine possession de ses moyens.
blig
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le 23 oct. 2014

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