Firearms are forbidden at Tombstone
J'aime bien John Sturges. Franchement, il ne m'a jamais déçu.Pas un grand artiste, certes. Il n'a pas révolutionné l'art cinématographique. Mais un solide réalisateur qui maîtrisait parfaitement son travail et pouvait signer de grands films. On retrouve bien ses qualités ici.
Alors, cette énième reprise de l'histoire des frères Earp contre les Clanton est très classique et loin de La Poursuite Infernale, le chef d'oeuvre de John Ford. Mais c'est soigné et on a tout ce qu'il faut : les grands espaces, le bétail, les méchants, les gentils.
Et, entre les deux, il y a Doc Holliday (Kirk Douglas). Il est, de très loin, le personnage le plus intéressant du film. Violent, meurtrier à l'occasion, joueur invétéré, malade, le film le montre en train de faire d'immenses efforts pour se contrôler. Prendre sur soi, ne pas répondre quand Johnny Ringo l'insulte et le ridiculise. Ne pas tuer à la moindre occasion et maîtriser la violence qu'il a en lui. Tout cela parce qu'il a décidé désormais d'être sur le sentier de la loi, aux côtés de Wyatt Earp. Kirk Douglas est, une fois de plus, absolument formidable dans ce rôle ! il lui donne à la fois sa force brute qui peut se déchaîner à chaque instant et une certaine fragilité dans les moments de doute ou de maladie (Kirk Douglas est vraiment un des meilleurs acteurs hollywoodiens).
Tant qu'on est dans les personnages, le jeune Dennis Hopper interprète très bien, lui aussi, le benjamin de la famille Clanton, Billy, un ado qui ne voulait pas faire partie de ces querelles familiales, qui voulait vivre tranquillement de son côté mais qui a été entraîné là-dedans malgré lui. D'un certain côté, il est, lui auss, une victime de son père et des liens du sang.
Le film se divise en deux parties. La première nous montre l'origine de l'alliance entre Wyatt Earp et Doc Holliday. Une alliance presque contre nature, tant les deux personnages sont opposés l'un à l'autre. Doc est, au début, un égoïste qui joue avec la mort et contre la loi. Wyatt, quant à lui, est un représentant quasi obsessionnel de la loi. Un maniaque de l'ordre. On pourrait presque dire qu'il est malade lui aussi : une maladie obsessionnelle. Ne rien faire qui sorte du cadre de la loi.
Cette partie est plus calme. On n'y croise pas de Clanton, mais il y a quand même deux ou trois moments de tension, comme l'arrivée fracassante de Shanghaï Kid à Dodge City. Cependant, en général, le début est plus consacré à la présentation des deux personnages principaux. Parce que Règlements de Comptes à OK Corral n'est pas seulement un film d'action : la psychologie des personnages y a une grande importance.
La seconde partie, c'est un peu ce qu'on attend du film : la confrontation entre la famille Earp et la famille Clanton. On entre dans le vif du sujet, et ça devient un solide film d'action.
Je ne cacherais pas la présence de quelques temps morts parfois. Le rythme n'est pas toujours soutenu et le film gagnerait peut-être à être un peu raccourci. Mais l'ensemble est d'un très bon niveau.
[Pour la note, j'hésite entre 7 et 8, donc considérez ceci comme un 7,5]