Convaincu et perplexe à la fois, voilà l’état dans lequel j’étais en sortant hier de l’avant-première de Reincarnated, le documentaire filmé par Vice à la demande de Snoop Dogg, pour l’enregistrement de son nouvel album de… reggae.
Non, vous ne rêvez pas, le rappeur américain a décidé de tourner la page du hip-hop pour se tourner vers le reggae. Et pour ce faire, il n’a bien sûr pas fait les choses à moitié, décidant de s’entourer du meilleur producteur reggae/ragga du moment (Diplo, la deuxième moitié de Major Lazer) pour enregistrer l’album directement en Jamaïque et s’imprégner de l’ambiance locale, trouver l’inspiration et accessoirement… fumer de gros joints. Réputé pour son amour de la ganja, je ne vous cache pas qu’au moins la moitié du documentaire montre le bonhomme et son entourage en train d’inhaler une belle quantité d’herbe. Vous êtes prévenus !
Le documentaire fait sourire, voir bien rigoler, au départ, on voit Snoop Dogg essayer de nous convaincre qu’il cherche une nouvelle voie dans sa vie, qu’il a besoin d’un changement de cap et d’arrêter de parler de sujets propres au hip hop (argent, armes, prostitution) pour s’orienter vers un message de paix et d’amour. Une fois sur les terres de Bob Marley, c’est le paradis total, toutes les portes s’ouvrent pour lui : il visite des plantations illégales avec les locaux, partage sa récolte californienne, rencontre Diplo et tous les autres musiciens et accessoirement, enregistre un peu de musique. La weed aidant, le documentaire prend peu à peu une direction beaucoup plus intéressante, on revient en arrière et on découvre toute sa vie, de ses origines de petit gangster à ce qu’il est devenu aujourd’hui. On comprend un peu mieux la complexité du personnage et ce qu’il a enduré. Je pense que c’est le déclic du film qui pousse le spectateur à vraiment se demander si c’est une mascarade ou une motivation réelle. Une couche de plus se rajoute au tableau avec l’annonce de la disparition d’un neveu du cousin de Snoop qui plonge alors la documentaire dans sa phase la plus noire, on voit notamment des images de l’enterrement de Nate Dogg et le discours qui semble improvisé mais prenant aux tripes de Snoop.
S’ensuit la conversion de Snoop Dogg au rastafarisme, se plongeant corps et âme dans sa nouvelle peau : Snoop Lion.
Que penser de tout ça ? Une opération marketing totale ? Une réelle volonté de la part de cet homme, toujours dans les bons coups ?
A vrai dire, je ne vous cache pas que j’ai quand même du mal à me défaire de ces scènes où on voit un Snoop Dogg un peu gêné face à de vieux jamaïcains essayant de savoir s’il est sincère ou non (notamment Bunny Wailer, qui jusqu’au dernier moment hésite à enregistrer le morceau avec lui), l’initiant aux pratiques rasta et le laissant pénétrer dans leurs quartiers que tout touriste ne pourrait même pas explorer.
En revanche, la démarche de Vice pour ce documentaire est plus qu’intéressante, on apprend beaucoup de chose sur les origines du hip hop californien, sur la Jamaïque et ses habitants, sur l’enregistrement de l’album, donc en soi, on en a pour son argent. Alors je vous le dis sincèrement : pourquoi pas ! En attendant la sortie de l’album le 23 avril prochain, n’hésitez pas à faire un tour au MK2 Grand Palais, le documentaire est diffusé du 5 au 7 avril.
Rastafari !