A la veille de l'inauguration d'une autoroute, ses artisans, notables établis, festoient en toute intimité. Le retour imprévu de la femme de l'un d'entre eux, patron de la mafia montréalaise, et le projet d'une manifestation viennent troubler la quiétude de ces messieurs. Formé à l'école du documentaire, Denys Arcand a 32 ans quand il tourne son deuxième long-métrage de fiction. Un film glacial qui étudie à la loupe la vice, le pouvoir et la corruption à l'oeuvre. D'un calme olympien, le film est d'une incroyable violence sous-jacente, faisant allusion à des personnages que les québecois n'ont pas de mal à identifier. Réjeanne Padovani exprime un dégoût sans faiblesse pour l'absence d'éthique (euphémisme) et les agissements coupables de ces gros poissons intouchables. Les dernières images, documentaires, montrent les maisons détruites des expropriés pour permettre la construction de l'autoroute. Le film, claustrophobe, est d'une puissance rare et annonce Le déclin de l'empire américain qui, plus de 10 ans plus tard, rendra Arcand célèbre sur la scène internationale.