Je cite de mémoire cette phrase dite par Benjamin Millepied dans le documentaire qui dresse son portrait, en même temps qu'il parcourt toutes les étapes de la création de sa première chorégraphie (à l'Opéra Garnier), durant la période où Millepied fut le directeur du ballet de l'Opéra de Paris (2014 - 2016). Et c'est tout à fait ça. Le corps des danseurs et danseuses (et quels corps !) est leur instrument de musique. Et ils perfectionnent leur jeu jour après jour, jusqu'à nous ravir, nous émerveiller et embellir nos rêves.
De la création de ce ballet (à partir d'une musique fraîchement composée par un ami américain de Millepied qui, comme on sait, fut danseur étoile au ballet de NYC), on suit le compte à rebours quotidien, de J - 40 à la Première donnée en présence du Président de la République et de tous les férus ou adeptes de cet art. Un compte à rebours passionnant et serré, parce que Benjamin Millepied le mène de pair avec les autres fonctions (même administratives) lui incombant en tant que directeur du ballet de l'Opéra.
Dieu merci, le documentaire se focalise surtout sur la chorégraphie du ballet, la création de ses figures de danse et leurs répétitions par les seize danseurs et danseuses que Millepied a choisis (parmi les 154 danseurs qui assurent les représentations des spectacles et ballets au programme de la saison à l'Opéra Garnier ou Bastille). Et le travail quotidien harassant de ces "mécaniques de précision" vivantes est fascinant à suivre, leur agilité, leur force, leur grâce, leur entêtement à se perfectionner, se sublimer, malgré les éventuels pépins physiques, la limite de leurs muscles, de leurs tendons et les lois de la gravité. Et entourant les huit danseuses, les huit danseurs, les conseillant, les écoutant, les encourageant, les protégeant : le directeur du ballet, Benjamin Millepied, lui-même ancien danseur étoile, enthousiaste, perfectionniste, exigeant bien sûr, mais souriant, avec la volonté (la bonne volonté) d'améliorer les conditions de travail de tous ceux qu'il dirige, malgré la lourdeur de l'administration et des traditions de ce monde à part, ce "paquebot", qu'est l'Opéra de Paris (et malgré, j'imagine, les chausse-trapes divers et variés, cancans, jalousies, rancoeurs, raideurs, etc.).
Hélas, quatre mois après la Première très réussie de Clear, Loud, Bright, Forward (sa première chorégraphie de ballet parisienne), Benjamin Millepied démissionne de son poste. Et c'est sur cette nouvelle un peu triste que se clôt le métrage, lequel, plus qu'un documentaire, est un film sur la passion de la danse, telle qu'on la vit à l'Opéra de Paris. Pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à cet art.
P.-S. Que deviendront ces merveilleux danseurs et danseuses après 40 ans (en fait 42, l'âge de la retraite pour eux) ? Cette problématique est certes effleurée dans le métrage (Millepied a 39 ans, sa secrétaire est une ancienne danseuse, et le régisseur dit avoir arrêté la danse il y a 40 ans), mais de façon tellement fugitive !