Never grow old
On se dit parfois qu'il n'y a pas besoin de grands effets pour faire peur au cinéma. C'est que prouve Relic en jouant de l'angoisse liée au grand âge. De se rendre compte que l'être qui nous a tant...
le 13 oct. 2020
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L'âge, cet ennemi invincible que l'on souhaite pouvoir côtoyer le plus longtemps possible. Chaque jour est gagné mais chaque jour est un pas de plus vers la défaite. Nous perdons tous à la fin et Relic dépeint ces moments, ceux où on assiste, impuissant et terrifié, à la déroute de l'individu, à la métamorphose sournoise et déboussolante d'un être cher.
Dans ce film australien à l'angoisse latente et progressive, on navigue entre thriller psychologique, vision de cauchemar et présence malfaisante pour souligner la décrépitude du corps et de l'esprit face aux affres de la vieillesse. Cette décrépitude prend les traits d'Edna, meurtrie Robyn Nevin, disparue dans des circonstances toutes aussi inexplicables que sa réapparition. Sa fille, fatiguée et éprouvée Emily Mortimer et sa petite-fille retrouvent alors une femme aimée mais inquiétante, à la lisière du méconnaissable, entre l'étrange et l'étrangère, qui va doucement, par ses agissements, installer une ambiance pesante dans une maison qui ne semble faire écho qu'au passé des trois femmes. Des photos, des souvenirs, des objets et des connaissances sont autant de réminiscences d'un temps regretté.
Natalie Erika James montre avec ce premier film qu'elle est à suivre, à l'image d'un Ari Aster, d'un Robert Eggers ou d'un Trey Edward Shults. La réalisatrice joue avec nos angoisses intimes en enfermant ses protagonistes dans une situation qu'elles ne peuvent fuir. Les liens qui les retiennent sont immatériels. Pas de chaînes, pas de verrous mais simplement une filiation qui se drapera d'un amour à toute épreuve, amour qui, même s'il est mis à mal, dépeint avec justesse l'épreuve que représente une telle situation.
Relic s'inscrit dans la continuité des réalisateurs sus-cités, dans ces films d'épouvante où l'ambiance vient servir une pression qui va crescendo à mesure que les images faites d'ombres, de regards, de mimiques, de silences et de détails s'insinuent dans notre tête. Petit à petit, il gagne chacun de nos membres jusqu'à nous contraindre pleinement lorsqu'il embrasse l'horreur et le surnaturel qu'il se limitait à suggérer. Relic nous contracte, nous enserre, nous raidit jusqu'à nous laisser recroquevillés sur nous mêmes lorsqu'il transpose l'oubli, la perte, la folie naissante, à travers les murs d'une maison, d'un esprit, rongé par l'absence et les souvenirs. Puis, comme un coup de grâce, il nous touche au cœur, nous fait ressentir des choses sur lesquels nous ne pouvons pas encore mettre de mots. Il nous abandonne, abasourdis, déstabilisés par les messages qu'il distille dans la noirceur de cette déchéance. Il nous rappelle, drapé dans son sombre manteau décrépi de surnaturel que les moments qui précèdent la mort et la perte nécessiteront du courage et de l'abnégation. Il ne peut en être autrement, pour ceux qui partent et ceux qui restent.
Avec son premier film, Natalie Erika James superpose le deuil à la fin de vie et nous offre une porte de sortie touchante inondée de sens. Relic nous prévient.
Un film sur la peur de dire adieu et sur la peur de ne pas réussir à le faire correctement.
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Créée
le 16 oct. 2020
Critique lue 128 fois
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