Difficile de croire que Remember est un film d'Egoyan tant il semble égaré dans ce road movie, si loin des réussites majeures que furent Exotica ou De Beaux Lendemains. Soit un retraité chargé de retrouver et éliminer un ancien nazi responsable de la mort de sa famille à Auschwitz. Il ne connait de son bourreau que le nom d'emprunt. Pendant l'heure et demi que dure la projection, tous les artifices d'un thriller constamment téléphoné, y passent : le pseudo suspense autour de la démence sénile qui compromet les chances de voir s'accomplir la mission (on voit ainsi venir, dès le début de la scène du café, que la serveuse va renverser la cafetière et tâcher la précieuse lettre qui lui permet de retrouver les indications qui le guident tous les matins, suspens par ailleurs vite éventé puisqu'il parvient à la recopier), les évidentes erreurs d'identité : il faut supporter trois rencontres avant le terme du voyage, dont celle très pénible du néo nazi qu'on dirait échapper d'un film de Joel Schumacher : truc usé jusque à la corde de scénariste qui n'allait quand même pas mettre le bon en tête de la liste... Le récit se conclut par une révélation en forme de twist final, entièrement dépendant des dialogues (la mise en scène aura été la grande absente de Remember) qui finit par achever le film dans le n'importe quoi gerbant. Difficile alors même de défendre Christopher Plummer, pourtant très bien, qui n'existe pas en tant que vieil homme qui perd la mémoire, il n'est qu'un personnage de scénariste, agent de l'intrigue à faire avancer. Moralement douteux, Remember n'est qu'un thriller poussif surcoté et de surcroît obscène.