Après s’être essayé au film de genre avec La Traque puis à la chouette comédie (A Toute Épreuve, sorti en 2013), Antoine Blossier s’attaque à un monument : celui de porter à l’écran le roman Sans Famille, d’Hector Malot. Le bouquin avait déjà été porté à l’écran à différentes reprises, la première adaptation remontant à 1925. On se souvient également de la très belle série d’animation japonaise (家なき子, Ie naki ko) d’Ozamu Tezaki datant de la fin des années 1970 et multi-rediffusée depuis.


Pour les deux du fond qui sont passés à coté de toutes les versions précédentes, Rémi Sans Famille raconte l’histoire d’un jeune garçon qui vit avec sa mère dans une ferme en Auvergne. Suite à un concours de circonstances, et le retour à la campagne de son “père”, il va découvrir qu’il a été adopté. Et alors que le compagnon de sa mère adoptive veut s’en débarrasser, il est acheté par un musicien ambulant du nom de Vitalis. En quête de ses véritables parents, et à travers la France, Rémi va découvrir la vie.


Adaptation oblige, Antoine Blossier est bien obligé de faire des choix et des coupes. Par exemple, les habitués du roman ne découvriront ici qu’un seul chien, Capi. Ils découvriront aussi que le personnage d’Arthur est désormais une jeune fille et que le personnage de Mattia n’existe pas. La durée du film (un peu moins de deux heures) imposait à l’équipe technique de prendre certaines décisions. Mais à l’instar de Peter Jackson qui réarrangea le Seigneur des Anneaux à sa sauce, Blossier pioche dans le meilleur d’Hector Malot pour en garder l’âme et le coeur. Même si le réalisateur parvient à garder une ambiance plutôt joviale tout au long de l’aventure, il ne se retiendra pas pour autant qu’il faudra être dramatique. Vitalis meurt, comme dans le roman et le dessin animé et c’est tout aussi déchirant.


Ce qui frappe en découvrant cette nouvelle version, ce n’est pas l’interprétation (pourtant brillante) de Daniel Auteuil en Vitalis mais bien le soin apporté aux images. La réalisation est de toute beauté. Les scènes sont superbes et la caméra du metteur en scène bouge sans faute. Il faut aussi citer Romain Lacourbas qui fait un boulot remarquable sur la photo. Certaines couleurs rappellent le travail d’Allen Daviau ou Oscar Faura. Il faut dire que Blossier profite du sujet pour citer ses maitres, de Steven Spielberg à Peter Jackson en passant par Giuseppe Tornatore. Rémi Sans Famille est l’exemple typique du beau cinéma, celui trop en rare en France qui rappelle qu’il s’agit d’abord de l’art de l’image en mouvement, avant l’art du dialogue.


Blossier travaille son rythme pour ne jamais lâcher le spectateur qui se laisse emporter dans l’émotion (ce final, bon sang !). On aurait peut-être aimé quelques scènes supplémentaires, histoire de voir d’avantage le voyage des saltimbanques. Mais peu importe. Avec ce troisième long-métrage le metteur en scène montre qu’il sait tout faire, dont le beau divertissement familial. Allez-y le cœur accroché mais amenez vos enfants. Venez donc avec eux dans leurs aventures, plus on est de fous et moins la vie est dure…

cloneweb
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films 2018

Créée

le 15 nov. 2018

Critique lue 1.9K fois

4 j'aime

1 commentaire

cloneweb

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

4
1

D'autres avis sur Rémi sans famille

Rémi sans famille
JeanG55
8

Rémi sans famille

Aussi surprenant que cela puisse paraître, d'abord à mes propres yeux, je n'ai jamais lu "Sans famille" d'Hector Malot et n'ai d'ailleurs vu aucune des nombreuses adaptations du roman. Ce n'est pas...

le 2 mai 2021

5 j'aime

3

Rémi sans famille
RaphaëlLesage
3

Rémi déjà sans famille, on lui vole aussi son histoire.

Je me faisais une joie de faire découvrir à ma petite canaille l'histoire de Rémi qui avait bercé mon enfance avec le dessin animé puis par le livre, après le fiasco retentissant de l'adaptation du...

le 7 août 2019

5 j'aime

7

Rémi sans famille
Dinozor
2

Sans famille ni le sou

Tudieu ! le retour de Jacques Perrin dans le rôle du protagoniste vieilli en narrateur nostalgique… On se croirait revenu dans les Choristes, et déjà le pire parait inévitable, loi de Perrin...

le 3 mai 2019

5 j'aime

5

Du même critique

Die Hard : Belle journée pour mourir
cloneweb
2

Critique de Die Hard : Belle journée pour mourir par cloneweb

On ne va pas y aller par quatre chemins : Piège de Cristal, sorti en 1988, a inventé le film d’action des années 90. Bruce Willis lui doit sa carrière post-Clair de Lune et nous une tripotée de...

le 15 févr. 2013

169 j'aime

24

Prometheus
cloneweb
5

Critique de Prometheus par cloneweb

Ridley Scott est un réalisateur adulé mais pourtant, en y regardant de plus près, on se rend compte qu'il a quand même une carrière en dents de scie à tendance plongeante. Les premiers longs-métrages...

le 28 mai 2012

86 j'aime

20

Raiponce
cloneweb
8

Critique de Raiponce par cloneweb

Évoquée dans le documentaire « Waking Sleeping Beauty », les studios Disney ont eu une période fastueuse jusqu'à la fin des années 90. L'entrée dans les années 2000 s'est fait plus douloureusement...

le 9 nov. 2010

83 j'aime

3