La dystopie sert à Reminiscence de prétexte à un enchaînement mécanique de scènes froides que ne porte aucune mise en scène, et duquel est exclue toute sensualité. Curieux pour un film dont la thématique centrale consiste à explorer le passé par le prisme du souvenir et des sens. Il construit des corps désincarnés dont la plastique échoue à susciter le moindre désir : la relation amoureuse que file le récit s’avère à ce point rapide et dépourvue de vie que nous peinons à croire à la romance entre Nick et Mae.
Il suffit de voir comment la réalisatrice aborde les scènes de sexe : en appliquant les codes de la pornographie relevés d’un voile puritain tout à la fois hors-sujet et grotesque, tel cet enlacement simulé sur la chaise entre deux corps à peine dénudés qui finissent floutés, réduits au contenu d’un verre qui se renverse et dégouline le long de la commode. Voilà qui répugne et agace pendant deux heures.
Ajoutons à cela une narration prêchi-prêcha à la Christopher Nolan – son frère Jonathan est ici producteur –, une vision de la ville après chaos empruntée à l’Inception (2010) de Christopher Nolan – idem –, un duo d’acteurs ternes déjà rencontré dans The Greatest Showman (Michael Gracey, 2017) et vous obtiendrez un produit incolore et inodore, plus artificiel encore que le vibromasseur rose de Mae qui, lui, aurait su davantage nous stimuler.