Une moyenne de cinq, sur Sens Critique, a tout de l'éliminatoire.
Et quand je survole les avis déjà publiés, quasi unanimement en train de descendre le film et de se conformer au bide réservé aux Etats-Unis, il y a de quoi se poser des questions sur les (mauvais) goûts du masqué, quand à peu près tout le monde vous prescrira sans doute l'oubli total.
Alors, au lieu de se remettre en question quant au niveau de sa crétinerie, il préfère se souvenir des belles choses, comme Hugh Jackman, et faire l'impasse sur certaines mécaniques classiques de narration et quelques points de vue des réminiscences du titre, il est vrai un peu irréalistes.
Il préfère garder en mémoire la jolie histoire qu'on lui a racontée et qui, si elle repompe quelques concepts et pistes, convoque dans un même élan toute l'ambiance propre au film noir mené ici à ciel ouvert et les pieds dans l'eau. Avec tout ce que cela implique d'archétypes, de recherche de la femme, d'enquête de longue haleine et de mélancolie.
Une mélancolie qui engloutira pendant deux heures les corps et les esprits, comme l'océan a déjà pris possession des rues d'une Miami gangrénée et traversée de digues sociales. Une mélancolie qui met à l'épreuve le temps en le dilatant, en le rejouant parfois à l'infini pour quelques personnages secondaires.
Une mélancolie en forme de dérive, de piège et d'addiction, d'un futur déjà vétuste qui servira d'arrière plan à une obsession qui se transformera en enquête et en fuite en avant, à une histoire d'amour, à l'irruption d'une femme fatale dans une vie en forme de mensonge.
Et puis il y a la superbe Rebecca : fantasmatique et tendre, irriguée des ombres du passé, rappelant un peu la Jennifer Connelly de Dark City. Son magnétisme est intense à l'écran, au point que l'on ne peut que suivre Hugh dans sa quête de vérité qui touchera finalement celle des sentiments que ne viendra jamais amoindrir la beauté plastique de nombreuses scènes en forme de tableau clair obscur. Des sentiments qui culmineront dans un dialogue et un baiser, déjà vu dans Her ou Blade Runner 2049, mais ponctuant une scène des plus émouvantes.
La narration à tiroirs, quant à elle, s'avère captivante, morcelant son récit par des aller-retours dans le temps plutôt bien troussés, qui ne hérisseront que les aigris allergiques au procédé...
Et qui vous diront à coup sûr que cela est cousu de fil blanc, écrit avec les pieds et parfaitement idiot.
Le masqué préfèrera donc vivre dans ses souvenirs satisfaits, se repasser en boucle les jolies images composées par Lisa Joy et espérer avoir le temps de plonger à nouveau dans ses agréables réminiscences que beaucoup, malheureusement, vont certainement bouder.
A moins que le masqué ne soit victime d'une inception machiavélique de la part de la Warner, qui espère limiter les dégâts de cet accueil français en forme de noyade ? Peut être, allez savoir...
Behind_the_Mask, unforgettable.