Même si je ne sors pas de la séance pleinement enthousiaste, c'est objectivement un chouette film, découpé en deux temps bien différents.
Le premier s'attarde sur la vie d'un équipage affrété sur un navire de sauvetage, mené par un bonhomme au tempérament bien marqué, Gabinus Premier qui ne se laisse jamais marcher sur les arpions et n'hésite pas à dérouiller de la mâchoire jusqu'au K.O. bien propre quand il croise du salopard à corriger. Mais voilà, quand le petit poisson frétille un peu trop dans la cale, la faute à une Michèle Morgan de lui qui sort le grand jeu pour devenir Aimée, la petite fille tapie au fond de tout un tas de remords dévorants, le vieux loup de mer ne s'en laisse pas compter et ne perd pas une seconde pour aider Catherine à s'émanciper.
Une passion à l'origine d'un second temps bien plus poétique, qui prend pour sujet la nature humaine et ses paradoxes, lesquels s'expriment avec force quand une petit âme fragile rejoint les cimes prématurément. Gabinus en fait les frais, à l'occasion d'un final sans doute émouvant pour quiconque n'a pas un peu quitté des yeux la proue d'un navire ayant hissé bruyamment la grande voile alors que la tempête était déjà tombée.
Me concernant, j'ai bien plus pris mon panard devant la première heure... après le retour à quai, les jérémiades de Madeleine Renaud m'ont un peu fatigué, et la folie passionnelle qui se joue façon Hamlet entre Gabin et Morgan, portée par des dialogues bien troussés ça j'dis pas, m'est un peu passée au dessus. Au final, j'ai trouvé que tout ce petit monde gesticulait un peu trop pour être malhonnête, j'aurais préféré, je crois, qu'ils restent tous en mer, ballotés par la houle, dans des maquettes de fortune. Je crois d'ailleurs que Gabin fut de mon avis, puisqu'il finit par y retourner, le bougre.