Doté d'un CV le distanciant de toute normalité dans le monde du cinéma, Tarsem Singh a su marquer les esprits grâce à l'originalité de sa mise en scène. Le réalisateur hindou a su faire preuve en effet d'un savoir-faire qui lui est entièrement propre, l'abord de thématiques précises et complexes par le biais d'une approche visuelle essentiellement consacrée à l'art contemporain ou moderne. Il en résulte dans la filmographie de Singh, du moins The Cell et The Fall, ses deux premiers films, une recherche visuelle étonnante, tout à fait inédite, lui justifiant ainsi cette aura de réalisateur au savoir-faire innovant.
Avec Renaissances, il est, de premier abord, difficile de faire un quelconque rapprochement avec le style si reconnaissable du réalisateur, tant au niveau des thématiques que le film semble aborder que de sa démarche commerciale, simpliste et mercantile, ne recherchant rien de plus que l'étendue générale d'un public varié. Il en vient même à se demander quel peut être le but précis de ce Renaissances, film de science-fiction traitant du transhumanisme, faisant part rien qu'avec son casting et son affiche d'un esprit simplificateur des plus repoussants, en plus de sombrer avant l'heure dans un insupportable esprit de déjà-vu. Reste tout de même un infime espoir de trouver en ce film quelques bonnes surprises pour qui sait se montrer suffisamment ouvert et généralement perceptible à ce type de science-fiction.
Le film débute et de premier abord, c'est bien cet esprit simpliste, dans le mauvais sens du terme, qui ressort. En effet, il y a déjà de quoi paraître réticent à son égard puisque la mise en scène plonge d'emblée le spectateur dans un contexte visuel des plus banals et, autant le dire, il en sera de la sorte tout au long du film. Parfois, le préjugé dit vrai et ce ne seront pas quelques séquences clipesques accompagnées de tous les derniers morceaux en vogue qui viendront améliorer le regard du spectateur. Chaque instant passant, l'impatience du spectateur s'accentue quant à voir enfin une once d'originalité, mais finit définitivement réduite au silence devant cette insignifiante représentation, menée par un casting complètement à côté de ses basques. Des prestations dans l'ensemble très convenues, tout à fait à l'image de l'insignifiant charisme de Ryan Reynolds, un Ben Kingsley sous-exploité, cantonné qu'à des rôles frivoles ces dernières années... La seule présence de Matthew Goode, énigmatique à souhait, suffit tout de même à rehausser le niveau général de ce casting dans l'ensemble bien décevant...
Outre la mise en scène manquant cruellement d'originalité, Tarsem Singh semble également survoler le fond des thématiques qu'il aborde. Le sujet du transhumanisme, même maintes fois abordé, rechigne un potentiel indéniable, qui, ici, ne trouve pas de traitement favorable. Bien au contraire, l'aspect science-fiction passe décidément en second plan, au profit de séquences d'action, certes bien filmées, mais en total décalage avec le propos du film. Le spectateur se trouve face à un divertissement, un vrai, dans lequel la réflexion et le questionnement ne sont absolument pas prioritaires. La preuve en est, le réalisateur se résigne à inclure de multiples retournements de situation entre deux séquences d'action, afin d'en complexifier sa structure narrative. Mais, il n'y a vraiment rien à espérer, chaque twist déçoit par sa facilité. Il n'y a finalement pas de réelle analyse thématique à donner pour ce film d'action sur fond de science-fiction.
Tarsem Singh semble s'être égaré en livrant ce film en total décalage de toute logique d'auteur. Renaissances ne renouvelle rien et le pire, c'est que cela semble lui convenir. Livrant une véritable philosophie de comptoir, tout spectateur amateur ou mordu de science-fiction ne trouvera rien d'enrichissant dans ce film convenu et impersonnel pour lequel Singh semble avoir perdu tout ce qui faisant son originalité. Reste son look, mais il ne fait pas partie du casting, dommage...