The Shop Around the Corner est une screwball comedy drôle et fine. Elle nous transporte dans un petit univers, une boutique de maroquinerie. La première séquence nous permet de faire connaissance avec les employés qui arrivent au travail et attendent leur patron sur le trottoir. Nous faisons ainsi connaissance de Pirovitch, le collègue loyal et dévoué ; Alfred Kralik (James Stewart), le personnage principal, un homme à l’esprit pratique, franc et direct ce qui peut être parfois blessant ; Vadas, le lèche-botte du patron, un homme faux et obséquieux ; Illona, Flora, Pepi, personnages davantage secondaires mais qui ont aussi toute leur place. Voilà qu’arrive le patron, M. Matuschek, respecté de tous. Un homme un peu soupe au lait qui mène bien sa boutique mais qui a quelques ennuis dans son ménage…
Un nouveau personnage va faire son apparition dans ce petit monde : Klara Novak, une ravissante jeune fille qui cherche du travail et qui va réussir à obtenir une place dans la maroquinerie. Très vite, ses relations avec Kralik sont détestables. Un objet est emblématique de leur relation : la boîte à cigarettes à musique. Pour Kralik ce type d’objet n’a pas sa place dans la boutique, c’est un gadget inutile. Ses arguments pour justifier sont point de vue sont tout à fait solides. Pour Novak, au contraire, c’est le coup de cœur : c’est selon elle, un objet « romantique » qui allie cigarettes et musique. Quand on lui demande de s’expliquer davantage, elle n’en est pas capable, c’est plus de l’ordre de l’émotion que de la rationalité. Bien que son argumentation soit moins solide, c’est elle qui emporte le match car elle réussit à vendre ce bibelot à une cliente grâce à son imagination créative ! Elle présente cette boîte à cigarettes comme une boîte à bonbons qui par sa musique sonne l’alerte : n’en mangez pas trop si vous ne voulez pas prendre trop de kilos ! Elle se montre ainsi une vendeuse capable, efficace et redoutable. Kralik et Novak vont ainsi s’affronter pendant plusieurs mois, voyant tout de manière très différente. Comme Novak l’explique, ils vivent tous les deux sur une planète différente !
Cette situation est typique de personnes qui entrent en relation à partir de leur apparence et en montrant le plus mauvais côté d’eux-mêmes. Car, en réalité, ces deux là sont faits pour s’entendre… C’est par le biais d’une correspondance qu’ils vont se découvrir sous leurs meilleurs côtés. Kralik qui découvre la vraie nature de Novak plus vite que l’inverse, apprend à parler sa langue, celle du « romantisme ». Il adopte son langage et sa forme d’esprit au sujet d’un portefeuille. Bravo à lui ! Ça dénote une sacrée ouverture d’esprit !
Cette histoire légère est agréable à suivre, les personnages sont attachants et les acteurs excellents. James Stewart est particulièrement au top dans ce film. Les dialogues sont savoureux, et l’intrigue qui n’a rien de palpitante, en soi, se suit pourtant avec beaucoup d’intérêt.