Alain Cavalier a toujours pratiqué un cinéma auteurisant mais ses films étaient autrefois accessibles.Au fil du temps,il s'est radicalisé au point,depuis quelques années,de verser carrément dans l'expérimental.Le dispositif mis en place dans "René" est assez curieux.Il s'agit d'une fiction traitée à la manière d'un documentaire.Pour ce faire,Cavalier utilise une image très crue,pas travaillée,de facture reportage France 3.D'ailleurs,le film ressemble fort à un épisode de Stip-tease.Il y a aussi les comédiens,qui sont pour la plupart amateurs,et surtout,socle de l'oeuvre,le fait que le personnage principal,joué par Joël Lefrançois,fait vraiment un régime et perd vraiment trente kilos entre le début et la fin du film.Mais cet aspect de l'histoire n'occupe en réalité qu'une faible partie du métrage et c'est bien dommage car le reste du temps on se contente de suivre la vie quotidienne de René qui n'est guère palpitante.Son boulot de comédien de spectacles pour enfants,ses relations avec son collègue de travail,son frère,sa mère,sa fille et surtout sa femme qui l'a quitté et qu'il voudrait bien récupérer.Tout ça n'est pas franchement passionnant,et l'est d'autant moins dans le cadre d'une fiction.S'il s'était agi d'un vrai docu,ça aurait pu être intéressant mais ce mélange des genres laisse une impression mitigée.C'est pourquoi il est regrettable que le film n'ait pas été plus axé sur la lutte difficile et acharnée du personnage pour perdre du poids,qui constitue l'élément réel de l'ensemble.Techniquement,les partis pris du réalisateur ne contribuent pas à rendre la chose agréable à regarder,mais ça ne faisait sans doute pas partie des objectifs.Cavalier filme en plans serrés,shoote ses acteurs de dos ou de trois quarts arrière,ou de profil,pratique l'ellipse et les dialogues minimalistes,entraînant une compréhension parfois moyenne de ce qui se passe.Heureusement,il ne se passe généralement pas grand-chose.