La première demi-heure de Renfield se révèle pleine de promesses que la suite peinera à tenir : soit une relecture parodique et gore du mythe de Dracula sous la forme d’hommage référencé aux précédentes adaptations ainsi qu’aux diverses créatures ayant fait la gloire du studio Universal – nous apercevons, dans un entrepôt, le requin de Jaws. Nicolas Cage apparaît de prime abord sous les traits de Bela Lugosi, sosie remarquable qui connaît ensuite de multiples transformations et dégradations repoussantes et ludiques à mesure que son subordonné s’affranchit de la codépendance qui le lie à lui. Le groupe de parole offre ainsi un espace doublement significatif, tout à la fois lieu d’une brèche dans la temporalité du récit que l’on découvre avec flashbacks et pauses narratives (prises en charge par la voix off), et d’une mise en abyme du spectacle qui se rejoue là avec ironie. Aussi Chris McKay interroge-t-il la place du vampire dans notre société mondialisée et connectée, de la même façon qu’il captait la solitude et les paradoxes du héros chauve-souris dans The Lego Batman Movie (2017).
Le tranchant de sa comédie se voit pourtant desservi par une mise en scène clipesque qui ne conçoit l’horreur qu’en matière de sursauts et d’effets m’as-tu-vu, incapable de construire une séquence mémorable, de conférer à ses acteurs talentueux les espaces de vie et de jeu nécessaires à l’incarnation de leurs personnages. Le second degré, censé tout résoudre, finit par agacer et se substituer à l’entreprise d’exhumation du vampire relayé au second plan d’une traque policière stéréotypée. Nous sommes loin de la maîtrise formelle et de l’érotisme diffus du Fright Night (1985) de Tom Holland.