Bon, on peut commencer directement par les points positifs : un très bon casting, un sujet pas évident et surtout les 12 premières minutes (à quelques minutes près!). J'ai adoré la manière dont est filmée la scène de surf, c'est à la fois beau et oppressant, on en sort presque en apnée, c'est du très bon cinéma, jusqu'à la scène de l'accident, sèche, précise et très bien amenée dans le contexte du début.
Ensuite, ça vire… pub un peu trop longue pour France Transplant.
On comprend bien le propos : perdre un proche, c'est moche, perdre un gosse c'est encore pire, c'est même atroce, mais on n'a pas trop le temps d'ergoter, il s'agit de sauver des vies en donnant ses organes. En gros, quelqu'un qui sort de ce film sans vouloir filer sa barbaque à autrui est un gros blaireau des Alpes… et c'est bien ça qui gêne… un peu comme une prise d'otage, du chantage aux bons sentiments.
Parce qu'avec ce genre de sujet, le piège, c'est le pathos, et là, on se vautre carrément dedans.
À commencer par la musique, lourde, omniprésente, envahissante, qui en rajoute des tonnes, qui stabilote à peu près toutes les scènes : c'est gravement insupportable.
Ensuite, il y a un vrai souci de représentation du milieu hospitalier : ok, on a bien compris, c'est blindé de gens super pros, super compétents, super bienveillants, la réa, la transplantation, c'est du lourd, c'est du sérieux, c'est du précis… sauf que tu as l'impression que le film est comme un documentaire tourné hors sol. Alors, peut-être bien que les services spécialisés dans la transplantation sont super à la pointe et un peu à part du reste, mais on fait comme si le système de santé était totalement efficient, alors que dans les faits, la plupart des établissements souffrent des coupes budgétaires, du manque de personnel, de soignants, de moyens, de temps… on a des services qui tournent en sous-effectifs permanents, qui bidouillent pour planquer le manque de fournitures… mais là, rien de tout cela.
Le comble du truc qui énerve, c'est précisément la scène du prélèvement lui-même où Tahar Rahim suspend toutes les équipes parce que la famille du donneur a demandé tout un petit rituel pour le défunt… là, sérieux, je n'y crois pas une demi-seconde : déjà, avec des patients anesthésiés qui vont se réveiller (enfin, la plupart), l'ambiance des salles d'op' est assez loin de cet imaginaire : on parle de gestes techniques, avec des gens qui ne sont pas en représentation. Alors, là, le gars, il est mort et il s'agit de speeder pour prendre les organes, donc non, on ne va pas lui coller des écouteurs et ce genre de simagrées. Ce n'est pas que les équipes soignantes soient particulièrement irrespectueuses des malades et/ou défunts, mais faut se mettre un peu dans le contexte : travail lourd, en flux tendu, avec des contraintes énormes et des sas de décompression.
Cette scène faisait affreusement trop propagande pour convaincre les familles des donneurs et ça, c'est vraiment très gênant… peut-être encore plus que la musique écrasante.
Après, si on arrive à mettre de côté l'aspect publicitaire du film (mais c'est difficile), reste une histoire bien jouée avec quelques belles scènes.