Comme le titre l’indique, cela raconte le voyage en Palestine que Pier Paolo Pasolini et Don Andrea Carraro, son conseiller théologique, ont entrepris. Ils sont à 50 km de Tel-Aviv, avec comme fond musical (de très mauvaise qualité) la « Passion selon Saint Matthieu » (BWV 244) (1736) de Jean-Sébastien Bach (1685-1750). Ils se rendent d’abord au mont Thabor (lié à la Transfiguration de Jésus-Christ dans le Nouveau Testament), au lac Tibériade (entre la Galilée et le plateau du Golan, traversé par le fleuve Jourdain) où de nombreux épisodes de la vie de Jésus sont relatés (village de pêcheurs de Capharnaüm). Pasolini trouve que les paysages sont contaminés par le modernisme, ne pouvant constituer un décor pour le film. Longeant le Jourdain, il va jusqu’à la mer Morte (empreinte de grandiose mais où se trouvent aussi des installations industrielles) et la frontière jordanienne dans le désert (présence de bédouins), dans un kibboutz (digression sur son organisation démocratique et collective) ainsi que dans un village druze et à Nazareth (ville moderne avec ses blocs et barres d’immeubles). Il est déçu aussi par les visages des habitants, même si le sous-prolétariat arabe est resté archaïque. Pasolini a une vision esthétique du religieux. Il va ensuite à la fontaine de Siloé (Jérusalem-Est), au mur des Lamentations, au jardin de Gethsémani, à l’église du Saint-Sépulcre, à la porte de Damas (entre les quartiers chrétiens et musulmans de Jérusalem-Est), à Bethléem. Le moyen métrage est passionnant car il montre, d’une part, la préparation du film et l’évolution de Pier Paolo Pasolini [qui va renoncer à tourner en Palestine, préférant le Mezzogiorno (Basilicate, Calabre et Pouilles), les images récoltées (52 mn) devenant, sous l’impulsion du producteur Alfredo BINI (1926-2010) dont c’était la 3e collaboration sur 5 avec le réalisateur, un documentaire] et d’autre part, Israël avant la guerre des six jours (juin 1967), 4 ans plus tard.