Répétition d'orchestre par Chinaski
De par sa durée (1h10 seulement), de par son petit budget, de par son support (la télévision), de par surtout la place qu'on lui accorde parmi les films de Fellini, on pourrait penser que « Prova d'Orchestra » est une œuvre mineure. Et pourtant, même si on n'atteint pas tout à fait le vertige que procurent les plus grands chefs d'œuvre du maestro, cette répétition d'un orchestre filmée sous forme de huis-clos se révèle être un petit bijou. Fellini n'a d'égal pour capter la vie d'une foule, ses bruits, ses mouvements. Véritable microcosme de la société, l'orchestre transparaît dans toute sa diversité, où les instruments sont comme autant de moyens d'expression qui se concurrencent au gré des petites jalousies et des piques plus ou moins acerbes. Chacun amène ici avec soi ses problèmes, son humeur, ses tares. L'opposition avec le chef d'orchestre est vite flagrante, celui-ci est étranger, sérieux, colérique. Fellini observe ses personnages, n'occulte aucun des leurs petits défauts, les montrant dans ce qu'ils ont de plus humain, leurs faiblesses, laissant transparaître un grand amour de ces créatures quelque peu ridicules et dérisoires, peignant avec humour les traits de cette société à échelle réduite. La révolte contre la dictature du chef d'orchestre semble désespérément vaine, les musiciens remplaçant l'homme par une machine, le métronome, et c'est finalement un évènement extérieur qui parviendra à créer une osmose, une nouvelle harmonie qui ne se révélera que provisoire. A découvrir d'urgence !