On se demande parfois comment un acteur gère ses projets. Comment Keanu Reeves, pourtant remonté au top avec John Wick, peut enchaîner avec des DTV mal fagotés dont l'indigence des scripts peut rebuter dès les premières lignes. En ce qui concerne Replicas, l'idée de base s'avérait franchement intrigante : un scientifique travaillant sur le transfert de mémoire va essayer de ressusciter sa propre famille. Un pitch pouvant grandement appartenir à l'anthologie "Black Mirror" s'il n'avait pas été écrit par un tel demeuré.
Car oui, le scénariste de La Chute de Londres et de Peppermint pond ici un monticule de bêtise rarement égalée. Tout ne colle pas. Jamais. De cet improbable accident de la route qui intervient juste après que notre scientifique de héros a presque découvert comment transplanter de la mémoire dans un corps artificiel (accident où toute sa famille meurt mais où il en ressort avec une bosse à la tête) à l'enchainement presque comique de l'opération visant à les faire revenir à la vie, tout semble précipité, mal ingéré, poussif, invraisemblable. Jamais aidé par des dialogues risibles et des situations profondément stupides, Keanu Reeves se donne pourtant à fond dans ce qui est sans nul doute le pire rôle de sa carrière.
On subit donc presque deux heures de séquences grotesques en se disant que le produit final aurait pu largement être plus réussi s'il avait été transformé en comédie fantastique avec des ados, quelque chose dans la même veine que Une Créature de rêve par exemple. Car entre le ton dramatique constamment tranché net par des acteurs ne sachant jamais quelle émotion donner, une mise en scène sensément travaillée mais vite rattrapée par les limites de son amateur de réalisateur (autant de plans cassés inutiles, on n'avait pas vu ça depuis Battlefield Earth) et la tournure blockbuster du pauvre que prend le climax (avec un robot en CGI qui hantera vos mémoires), Replicas ressemble plus à une idée qu'on aurait eu au bar en fin de soirée qu'à une réflexion sur les dangers du clonage.