Un rein vaut mieux que deux tu ne l'auras.
Finies les maladies fatales, dégénérescences, cancers, accidents cérébraux, tumeurs, dans le futur si un organe déconne, on vous le remplace dés que le besoin s'en fait ressentir. Néanmoins il faudra y mettre le prix, comptez 950.000 dollars pour un coeur, et si vous n'avez pas le sous la multinationale, The Union, se fera un plaisir de vous accorder un prêt au taux légal de 19,6%. En revanche au moindre défaut de paiement, un Repo Man, sorte d'huissier chirurgien viendra récupérer directement chez vous les organes, en vous endormant par surprise puis en vous découpant au scalpel.
Remy (Jude Law) et Jake (Forest Whitaker) sont deux Repo Men, et de surcroîts les meilleurs de leur profession, mais également les meilleurs amis du monde depuis le collège. Ce qui fait d'eux les meilleurs c'est leur aptitude au combat, mais surtout leur totale absence de conscience, passant le plus clair de leur temps à plaisanter à propos de leur travail et y prenant beaucoup de plaisir, plaisir accru par les primes qui leurs sont accordées pour chaque organe ramené.
Mais tout va basculer pour Remy le jour où lors d'une récupération un accident lui bousillera le coeur qu'il devra évidemment remplacer. Etant maintenant porteur d'un organe artificiel il sera pris de remords, sachant maintenant ce que ça fait de ne pas savoir si l'on pourra payer sa prochaine mensualité et si quelqu'un viendra pour le charcuter.
Incapable de payer et recevant son dernier rappel il finira par devenir un mauvais payeur pourchassé par ses anciens collègues. Le chat devient maintenant la souris.
Pour compliquer encore plus les choses il tombera amoureux d'une femme, Beth (Alice Braga), elle aussi pourchassée pour récupération.
L'histoire est sympathique, mais sent le déjà-vu, notamment car les scénaristes sont partis grappiller à gauche à droite, et on ne peut s'empêcher de penser à Minority Report ou Equilibrium, deux autres films où le héros se retrouve poursuivit par un système dont il faisait partie. Nommons aussi Repo: The Genetic Opera, film sorti en 2008 et mettant également en scène un futur où le remplacement d'organes est coutume et dans lequel le Repo Man vient récupérer les organes impayées de la même manière. Ceci dit le scénario est habillement écrit et jongle entres scènes d'actions efficaces et dialogues d'un incroyable piquant. La bande originale est quand à elle bien choisie, alternant entre du Method Man, du Toots And The Maytals, du Nina Simone, du Moloko, ou encore du Beck, en somme il y en a pour tous les goûts.
Jude Law rentre parfaitement dans son rôle et assure autant dans son jeu d'acteur que dans les scènes de combat (souvent gores à la Total Recall), de même que Forest Whitaker, parfait comme à l'accoutumée.
On ne pourra pas non plus s'empêcher de remarquer le clin d'oeil fait à Old Boy dans la scène où Remy se bat dans un couloir contre une armée d'assaillants, coups de marteau dans la gueule en prime.
En définitive pas l'œuvre la plus originale de l'année mais assurément un spectacle divertissant, qui plus est avec un twist final particulièrement efficace.
Mention spéciale pour la scène de chirurgie érotique entre Remy et Beth, curieuse et dérangeante (sur « Burn My Shadow » de Unkle), rappelant les moments les plus malsains de Nip/Tuck.