Ça ne va pas fort dans l’entreprise de mécanique de précision dans laquelle travaille Cédric, en Haute-Savoie. Malgré les efforts constants des employés, les patrons demandent toujours plus, jusqu’au jour où tout le monde apprend qu’elle va être vendue à un fond d’investissement, entrainant des suppressions d ‘emploi. Malgré le découragement et l’inquiétude des uns et des autres, Cédric et ses amis décident de passer à l’offensive.
Connu pour ses documentaires engagés à gauche (De mémoires d’ouvriers, Ma mondialisation, J’veux du soleil…), Gilles Perret, cette fois, passe à la fiction mais avec toujours le même objectif : raconter la vie d’ouvriers, d’employés victimes du grand capital, comme peuvent le faire à leur manière Ken Loach ou Stéphane Brizé.
Pour ce nouveau film, il a imaginé une histoire se situant au cœur de la Vallée de l’Avre, pas très loin de la Suisse, entre Chamonix et Genève – les paysages de montages sont superbes – , avec dans une usine de décolletage qui fabrique des pièces pour l’industrie automobile. Et, comme beaucoup d’entreprises travaillant dans ce secteur, l’usine où travaille Cédric et ses amis est soumise à des objectifs de rentabilité toujours plus grands, n’hésitant pas parfois à prendre des commandes à des prix très bas comme on peut le voir au début d’u films dans une scène assez édifiante.
Malgré une conjoncture inquiétante, le réalisateur – qui connait parfaitement son sujet – a choisi d’écrire une histoire plutôt optimiste, qui rappellera l’aventure de LIP à Besançon dans les années 70 (racontée dans Les Lip, l’imagination au pouvoir de Christian Rouaud) mais également de celle des “Fralib”, cette entreprise fabricant du thé et des infusions dont les employés se sont montés en coopérative pour racheter l’unité de production en 2014.
Sans aucune noirceur, avec quelques touches d’humour ici et là, Gilles Perret montre à travers ce film qu’il est possible, dans certains cas, de trouver des solutions viables face à la fatalité et la résignation, par une forme d’organisation et de solidarité permettant de lutter contre la logique capitaliste.
Même si le film peut paraître souvent didactique ou démonstratif, c’est avant tout dans un souci de permettre au spectateur de comprendre les arcanes, le dessous et les enjeux parfois complexes qui se cachent derrière des rachats d’entreprise, et montrer la manière dont tout ça est vécu par les ouvriers et les cadres. Reprise en main pêche peut-être également dans l’écriture de ses personnages mais n’en reste pas moins convaincant dans sa démonstration.
Un film qui, malgré ses petits défauts permet en tout cas de voir qu’il existe des alternatives à la politique sans états d’âme menée par les grands groupes financiers.
https://www.benzinemag.net/2022/10/22/reprise-en-main-un-peu-doptimisme-dans-le-monde-capitaliste/