La grande Catherine
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Roman Polanski nous offre une fois de plus un bijou.
La photographie est d'abord très belle, en noir et blanc, révélant des détails avec le jeu des ombres et des lumières qui accentuent les effets de distorsion entre illusions et réalité.
Quelques effets spéciaux comme les mains qui sortent du mur, les fissures se transformant en trou béant avalant l'appartement, ajoutent au climat d'anxiété.
Et que dire de la bande son ? Elle est tout simplement extraordinaire. Il est tout à fait saisissant d’observer comment des bruits du quotidien, comme l'eau qui goutte du robinet, le téléphone qui sonne, les conversations de voisins et des pensionnaires du couvent d'en face, peuvent devenir stridents et envahissants dans l'esprit de Carol. On les entend comme elle les entend; on entre dans son univers d'hallucinations auditives.
Et puis, il y a surtout Catherine Deneuve, avec son regard de dingue, complètement parano, bercée d'hallucinations, d'une beauté captivante de femme vulnérable.
Les confrontations avec la gente masculine vont virer au drame, car se sentant éminemment agressée, Carol va devenir un chien féroce, déployant une force surhumaine pour se protéger.
J'aime beaucoup la façon dont Polanski filme l'enfoncement dans la folie et fait allusion aux racines du mal dans l'enfance, avec un zoom subtil sur une photo sur laquelle on distingue Carol enfant, qui n'a pas l'air d'aller bien, c'est un euphémisme.
Ce mal a t'il pris naissance dans sa relation avec sa sœur, fortement teinté de jalousie, comme on peut le voir encore quinze ans après ? Pourquoi cette répulsion envers les hommes ? La faute du père ? On ne gardera que ces questionnements en tête, cette part de mystère qui fait tout le charme du film.
La bienveillance de son jeune soupirant, Colin, qui s'inquiète d'elle, cherche à la protéger, ne l'atteint pas. Elle ne supporte pas plus la présence de l'amant de sa sœur, Michaël.
Elle est assaillie par ses visions nocturnes de violeur qui vont la faire dériver ...
Les images qui peuvent paraître anecdotiques des pommes de terre qui germent, du lapin qui pourrit, ont pour objectif, à mon sens, de montrer le temps qui passe et sont une allégorie du pourrissement de la situation, de cette jeune femme barricadée, seule, en proie à son délire qui ne lui laisse aucun répit et l'envahit totalement.
Je vous recommande vivement ce beau spécimen de film d'épouvante qui constitue le premier d'une trilogie de trois films tournés dans un appartement, dont les deux suivants sont Rosemary's Baby et Le locataire.
N'ayant pas vu le dernier, je vais me précipiter pour le visionner. A votre tour de vous faire la collection complète !
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le 20 juil. 2016
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2 commentaires
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