Darren, t'es un pote.
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Requiem for a dream fut l'une de mes plus grosses claques à sa sortie, et même si avec le recul je le revoie un peu à la baisse, il demeure l'un des meilleurs films sur l'addiction avec Shame et sa descente aux enfers que je connaisse, grâce à son trio gagnant. D'abord son montage, absolument dément, qui souligne la mécanique du manque, auquel répond une musique entêtante, en parfaite symbiose avec les images, et qui reflète la lente mais inexorable perdition des personnages. Une oeuvre donc essentiellement sensorielle qui vous aspire petit à petit votre énergie comme dans un maelstrom. Enfin, l'excellente interprétation des acteurs. Jared Leto est inoubliable dans son rôle de junkie (ça lui colle à la peau), et forme un joli couple avec Jennifer Connelly, qui ont pour rêve de monter leur petit business. Marlon Wayans est étonnamment bon dans la peau de l'ami et du dealer (connu surtout pour ses films de merde). Mais tous sont dépassés par Ellen Burstyn, excellente dans son rôle de mère tour à tour attachante, pathétique, et terrifiante dans son désir insatiable que son fils soit fier d'elle, et de sortir de l'anonymat et de la solitude, choisissant la télévision et la bouffe comme moyens d'oublier ses soucis.
Par contre, le traitement de la drogue est assez limité à cause d'un choix stylistique (paradoxalement la force du film), qui emprunte une voie plutôt conventionnelle et didactique (la drogue est forcément auto-destructrice, condamnant unilatéralement tous les rêves), même si parmi elles, certaines se révèlent originales comme l'affection ou la reconnaissance. Mais ce serait dommage de limiter ce film à son message implicite au détriment de ce que je qualifie son essence véritable, à savoir son expérimentation des extrêmes, qui nous plonge littéralement et alternativement, dans les paradis artificiels ou les fantasmes des personnages, ou dans leurs pires cauchemars qu'on nous balance en pleine face. Ainsi, en bon élève de Shinya Tsukamoto (et de Satoshi Kon dont il lui pique carrément certaines idées de plan), son propos passe avant tout par l'alliance organique entre images et son, nous transmettant directement les extases ou douleurs vécues, le tout monté comme un gigantesque clip, contrebalancé par de magnifiques morceaux d'intimité (les scènes entre la mère et le fils, et entre ce dernier et sa copine, sont à tomber).
Bref, Requiem for a Dream vaut surtout pour sa forme au service d'une magnifique descente aux enfers de personnages qui ont pour unique but de s'en sortir dans la vie, où finalement la thématique de la drogue n'est qu'un vecteur efficace pour aller au bout de cette intention. Pas un chef-d'oeuvre à tout point de vue, du moins à mes yeux, mais une pellicule sensorielle sincèrement extrême et marquante.
Créée
le 14 avr. 2017
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