Va, vois, deviens.
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Elem Klimov a vécu la Seconde Guerre Mondiale en tant qu'enfant. C'est donc en toute logique qu'il nous invite à découvrir cette guerre que l'on connait si bien à travers un regard nouveau, curieux et innocent, 40 ans après la fin de celle-ci.
Le regard que portent les enfants sur la guerre est peut-être bien celui qu'avait Klimov à l'époque, en tout cas il est pardonnable. Ils sont enthousiastes parce qu'ils ne savent rien, la discipline et le patriotisme leur sont présentés comme de grandes et bonnes valeurs, et c'est ainsi que les deux jeunes garçons s'en vont déterrer une boîte de Pandore qui contient toutes les pires abominations que l'Homme a commis...
Le film s'apparente alors à un cauchemar éveillé : Requiem pour un Massacre parvient à saisir la peur de chacun à travers de nombreux regards-caméra qui impliquent directement le spectateur, et ce dès le début du film. Klimov capte parfaitement cette peur, si bien que je ne pense pas avoir vu de film retranscrivant mieux que celui-ci l'horreur de la guerre.
Ce n'est pas comme dans beaucoup de films de guerre où l'image est bien affinée comme dans La Liste de Schindler, où l'injustice est pointée du doigt comme dans Le Pianiste, où on cherche la prouesse technique comme dans 1917. Requiem pour un massacre est sale, l'image est très terne, parfois brumeuse, et le design sonore est chaotique, mêlant diverses musiques aux cris de femmes en pleurs, aux sifflements d'obus, aux tirs des SS... Et quand bien mêmes ces éléments ne sont pas présents à l'écran, comme dans la scène de la boue, le fond sonore reste tumultueux. On peut même lui trouver quelques airs de film d'angoisse.
Et le fait de voir tout cela à travers de regard d'un enfant, qui n'est maître de rien et qui ne fait qu'errer sans but, rend le visionnage très difficile. C'est magnifique, car le jeune personnage, éreinté, semble avoir pris 20 ans à la fin du film... Et cet épuisement, on le ressent comme lui, tellement les regards sont communicatifs, et les scènes étouffantes et accablantes... Il était temps que le film s'arrête. Heureusement, il tue Hitler à la fin, donc tout va bien, finalement...
Pour bien des raisons, Requiem pour un Massacre est insoutenable. Et bien que je comprenne la volonté de mettre mal à l'aise à travers un son désordonné et une sensation d'insécurité et d'inconfort, ce film est particulièrement désagréable, et par conséquent particulièrement réussi. Tout comme Midnight Express, que j'ai eu beaucoup de mal à apprécier tant il m'avait mis mal, Requiem pour un Massacre demande un certain temps de digestion. J'ai passé un très mauvais moment, et c'est peut-être bien pour cela qu'il s'agit de l'un des meilleurs témoignages de la Seconde Guerre Mondiale...
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le 9 déc. 2020
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