Reservoir dogs c'est un quasi film en noir et blanc qui parle de couleurs, de joueurs, de blagueurs mais aussi et surtout de braqueurs, d'un tueur, et de pas mal de sueurs froides.
Des voleurs qui se prennent pour des pros se retrouvent dans leur planque, la queue entre les jambes après un braquage-fiasco.
La force du film, c'est de nous montrer tout par bribes, de nous laisser reconstituer le canevas: on débute avec une non-présentation des personnages sur fond de débat sur le sens réel de "like a virgin", on voit de suite qu'on a affaire à de fortes têtes, des caractères bien trempés, on s’aperçoit progressivement qu'ils ont tous des noms de couleurs (quand je vous dit qu'on est chez les barbapapas...),
On plonge ensuite d'un coup dans le résultat: une voiture, un malfrat qui conduit, un autre à l'arrière qui se vide de son sang, et une question: "qu'est ce qui a bien pu se passer?".
L'histoire du film c'est de nous faire comprendre qu'il n'y a pas d'histoire, qu'on peut nous tenir en haleine avec un faux suspens, qu'à vrai dire on s'en tamponne le coquillard de savoir qui est le traitre.
Par contre Tarantino livre dès son premier film une atmosphère qui lui est propre et qui fera sa marque de fabrique: de la bonne musique, des gens louches, des dialogues fleuris d'insultes, un peu de sang parce qu'on n'est pas des tapettes non plus, un sens de la chorégraphie acéré.
Un beau numéro d'équilibriste qui veut faire des films gores mais un peu poétique aussi à leur manière.
Le pire dans tout ça c'est que sans être fan absolu, on ne peut s'empêcher d'y trouver une sorte de fascination, de beauté dans la mise en scène, alors qu'en y pensant 2 secondes on voit que le scénario tient sur une feuille de cigarette.