Pour une première réalisation, la qualité de Reservoir Dogs laisse pantois. Tourner un huis clos permet de travailler avec un budget limité, ce qui était le cas de ce film et de ses 1,2 millions de dollars. Tarantino réussit à rentrer miraculeusement dans le budget en réquisitionnant la Cadillac de l’acteur Michael Madsen ou en décorant le premier étage de l’entrepôt où furent tourné la plupart des scènes pour l’utiliser comme l’appartement de Mr. Orange.


Ce dépucelage cinématographique commence d’ailleurs, très ironiquement, par une scène où les protagonistes, attablés dans un restaurant, expriment leur interprétation de la chanson Like a Virgin de Madonna. Cette scène, complètement folle, deviendra d’ailleurs la scène culte du film. Une entrée en matière unique, dézinguant le politiquement correct et qui résume parfaitement l’humour cru et décalé de Tarantino.


L’histoire est simple et terriblement efficace. Une bande de malfrats est engagée pour braquer un diamantaire. Le casse tourne mal et les membres de l’équipe se retrouvent à leur planque, un vieil entrepôt désaffecté. Totalement stressés et paranoïaques après ce fiasco, les loups finissent par s’entredévorer.


Regarder Reservoir Dogs, c’est un peu comme faire 1h40 de montagnes russes. De nombreuses scènes contemplatives tournées en caméra fixe sont entrecoupées par des flashbacks pêchus. La violence jubilatoire de Tarantino, que ce soit dans les dialogues ou les actions, est habilement contrebalancée par une bande son très seventies.


Le casting est de premier choix et la brochette Harvey Keitel/ Tim Roth/ Michael Madsen/Steve Buscemi est un des points forts de Reservoir Dogs. Cette petite bande de bras cassés fait rire, souvent à son insu, le spectateur par des dialogues saugrenus et des situations aberrantes. Bourré de références cinématographiques (Kubrick, John-Woo) et musicales (Madonna), Reservoir Dogs est un superbe produit de culture pop. Une culture pop qui est d’ailleurs le seul lien qui unit les protagonistes.


Ce premier film de Quentin Tarantino avait annoncé la couleur, un grand monsieur du cinéma venait de voir le jour. La violence si particulière de ce récit non linéaire deviendra la marque de fabrique du réalisateur. Reservoir Dogs est bien plus qu’une simple mise en bouche avant le chef d’œuvre Pulp Fiction. Reservoir Dogs est un chef d'œuvre.

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le 1 juin 2016

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Vincent-Ruozzi

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