Et si "Reservoir Dogs" était plus qu'un film jouissif ? Et si, entre deux dialogues impayables, entre deux flaques de sang dans laquelle on se plait à sauter les pieds joints, Tarantino essayait de nous dire quelque chose ?
Si ce quelque chose devait exister, ce serait probablement que l'on est des psychopathes du divertissement. Seulement, pour nous expliquer ça, Quentin nous tend carrément un piège.
De la même façon que "Like A Virgin" n'est plus une chanson d'amour, mais un texte à prendre littéralement avec des mecs à la virilité importante, "Reservoir Dogs" est en fait bel et bien un divertissement premier degré. Pas besoin de se prendre la tête, mets de la musique populaire, des anecdotes et du sang, ce sera comme une dernière soirée entre potes où tout le monde fini par s'entretuer.
Ce n'est plus à la société de nous dire que l'on ne peut pas prendre son pied à regarder une oreille se faire découper, un flic gisant dans une mare de sang, ou un trio se faire tuer connement. De la même façon qu'elle ne peut pas nous dire quand un pourboire est justifié ou non. Le seul personnage qui trouve de quoi se réjouir dans le bordel ambiant est d'ailleurs le seul qui se complait dans la violence et la torture. Un reflet du spectateur, dansant sur la musique des balles et s'éblouissant de la couleur du sang.
Et lorsque ce reflet meurt par la main du bien-pensant, le flic, le film prend tout de suite une tournure plus dramatique. Ce dernier a tué une innocente, et il se prend même à trouver de la sympathie chez ce truand. Ils en seraient presque potes. Symbolisme puissant, mais qui n'est finalement qu'un autre piège. Car malgré cette tournure dramatique, le film se finit comme chaque spectateur le voulait : une tuerie absurde et totalement jouissive. Parce que personne ne veut entendre parler des conséquences de la violence.
Tarantino vient de transformer le divertissement ultime en bain de sang. Et il était temps que quelqu'un le fasse, nos instincts primaires commençaient à s'échauffer !
Critique faisant parti d'une rétrospective sur le réalisateur :
http://www.senscritique.com/liste/Retrospective_Quentin_Tarantino/1207072