Dès son premier film, Tarantino connait une sorte d'aura et l'adulation d'une bande d'inconditionnels qui classent le film comme étant culte ; je n'en fais pas vraiment partie parce qu'il y a des aspects dans ses films qui m'ennuient parfois, mais j'apprécie le boulot quand il est bien fait, c'est le cas ici. Une telle rigueur, une telle maîtrise pour un premier film, c'est très rare. Quentin Tarantino affirme soudain un style, un ton, une technicité hors-pair, un goût pour le verbe, le dialogue vif et percutant et pour les bandes sonores constituées de vieux tubes des années 70.
Ses gangsters en costume noir en deviennent même attachants, on ne peut véritablement pas les détester, même le plus sauvage de tous, Mr Blonde joué par un Michael Madsen vicieux et sadique comme on en a rarement vu sur un écran, bref l'ordure totale dans une scène d'anthologie de torture sur l'air de "Stuck in the middle with you".
Grâce à une série de confrontations explosives, le plus souvent sanglantes, et par un habile jeu de flashbacks, QT remet à leur place les pièces d'un puzzle qui avait démarré très fort dans un bar, dans la cocasserie dérisoire, où des mecs en noir se donnaient des noms de couleurs. Il tire parfaitement les ficelles de ce film très bavard, aux dialogues ciselés comme des perles qui ponctuent une action malmenant souvent le spectateur. Le sang y coule à flots, les mourants agonisent dans des mares de sang tout en gueulant comme des putois. C'est une façon pour le réalisateur de montrer la violence dans ce qu'elle a de plus insoutenable.
Ce polar électrique a vraiment marqué et a permis non seulement à Tarantino de révéler son génie cinéphilique au monde entier, mais aussi à une bande d'acteurs d'éclater vraiment après différentes séries B : Steve Buscemi, Tim Roth, Chris Penn, et bien sûr Michael Madsen... Quant à Harvey Keitel, il est hors concours, c'était déjà un immense acteur confirmé. Après ce film et sa violence frénétique et sanglante, on ne filmera plus jamais les thrillers de la même façon à Hollywood.

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le 12 août 2016

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