Resident Anderson
Dommage; tu me manques déjà. Un survival horror convaincant à l'origine d'un divertissement honnête ! Resident Evil de Capcom est la saga de survival-horror la plus culte, célèbre et...
le 14 mai 2022
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En 1997, la société de production allemande Constantin Film acquiert les droits d’adaptation cinématographique de la franchise Resident Evil, un des jeux vidéo de survival horror les plus populaires de Capcom. Toutefois, l’objectif initial de la production n’était pas de retranscrire fidèlement l’histoire du jeu, mais plutôt d’exploiter son univers et son ambiance horrifique en reprenant certains éléments emblématiques. Cette approche vise à toucher un public plus large, sans être totalement dépendant du matériau original.
Le projet d’adaptation cinématographique de Resident Evil va connaître un développement particulièrement chaotique, marqué par plusieurs scripts rejetés. Le premier scénariste impliqué est Alan B. McElroy qui ne va pas convaincre Constantin Film avec son script. Par la suite, le scénariste Kevin Williamson tente à son tour d’écrire une version du film, sans succès. Le réalisateur (et scénariste) Jamie Blanks se joint également au projet avec un script, qui est lui aussi rejeté. Cependant, l’échec le plus emblématique est celui de George A. Romero, le maître incontesté des films de zombies.
En 1998, alors que Resident Evil 2 sort sur PlayStation, George A. Romero est sollicité pour réaliser une publicité télévisée pour la promotion du jeu au Japon. Son implication fait sens, car le créateur de la saga vidéoludique, Shinji Mikami, a souvent affirmé s’être inspiré des films de Romero, notamment Night of the Living Dead et Dawn of the Dead. La publicité impressionne suffisamment pour que Constantin Film approche Romero afin qu’il écrive et réalise la future adaptation. Enthousiaste, Romero se met à l’ouvrage et rédige plusieurs versions du script (il en évoquera cinq à six dans diverses interviews), mais chacune est rejetée par la production.
Les scénarios de George A. Romero étaient pourtant bien plus fidèle au jeu vidéo que les versions suivantes : il mettait en scène Chris Redfield et Jill Valentine, les deux protagonistes du premier jeu, et respectait l’ambiance du manoir Spencer et les expériences de l’Umbrella Corporation. Toutefois, ses scripts sont jugés trop horrifique et peu adapté au grand public (un comble !). Finalement, il est évincé du projet, ce qui marquera une rupture nette entre le film à venir et le matériau d’origine.
En 2000, Paul W. S. Anderson est choisi pour écrire et réaliser le film. Ce choix semble logique du point de vue des studios, car Anderson a déjà prouvé sa capacité à adapter un jeu vidéo au cinéma avec son Mortal Kombat. Ce film, bien que critiqué, est l’une des premières adaptations de jeu vidéo à connaître un succès commercial significatif.
En 2002, Resident Evil sort au cinéma et marque le début d’une saga cinématographique. Ironiquement, cette même année est également un moment clé pour la franchise vidéoludique, avec la sortie de deux jeux majeurs sur GameCube : le remake Resident Evil et Resident Evil Zero, un prequel au premier jeu.
Comme annoncé, le film prend de grandes libertés avec le matériau d’origine. Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, il ne met pas en scène les personnages emblématiques de la franchise vidéoludique, tels que Jill Valentine ou Chris Redfield. Ce choix, selon le réalisateur, permettrait de surprendre même les fans du jeu, évitant une adaptation trop prévisible. L’argument avancé par Paul W. S. Anderson repose sur une logique scénaristique : les personnages du jeu sont connus pour survivre aux différents opus, ce qui réduirait l’enjeu dramatique. En supprimant les figures familières et en introduisant des protagonistes inédits, il cherche à instaurer un sentiment d’incertitude quant au sort des personnages et c’est une idée honorable, que j’aime bien.
Milla Jovovich incarne donc Alice, une héroïne totalement inédite, qui n’existe pas dans l’univers des jeux vidéo. Ce choix n’est pas anodin : Paul W. S. Anderson, grand admirateur de Lewis Carroll, a voulu intégrer des références à Alice's Adventures in Wonderland dans son film. Les parallèles entre les deux œuvres sont multiples. Tout comme Alice dans le conte de Carroll, l’héroïne du film plonge dans un monde inconnu et mystérieux (ici, un complexe souterrain appelé The Hive) gouverné par une intelligence artificielle nommée Red Queen (une référence évidente à la Reine Rouge de chez Lewis Carroll). Ce monde souterrain est truffé de pièges, d’énigmes et de créatures cauchemardesques, à l’image du pays des merveilles, mais en version dystopique et horrifique. Ce parallèle donne une dimension symbolique au parcours d’Alice dans le film, bien que l’intrigue reste avant tout centrée sur l’action et l’horreur plutôt que sur une véritable relecture du mythe.
Paul W. S. Anderson insiste sur le fait qu’il voulait créer une tension en laissant planer le doute sur la survie des personnages. Contrairement aux jeux où les protagonistes principaux ont tendance à survivre, le film met en scène une équipe dont le sort est incertain, renforçant ainsi le suspense. Pour les spectateurs, cette approche fonctionne en partie. À l’époque de sa sortie, cela pouvait créer une véritable immersion, et certains personnages secondaires ont réussi à me marquer les esprits, notamment Kaplan et Ocampo, joués respectivement par Martin Crewes et Michelle Rodriguez.
Cependant, la qualité du jeu d’acteur est inégale. Si Michelle Rodriguez parvient à imposer son personnage de femme dure et combative, son jeu reste souvent caricatural. Quant à Martin Crewes, son interprétation manque de nuances, ce qui peut atténuer l’attachement du public envers son personnage. Et je ne parle pas du reste du casting a l’acting souvent limité (idem pour Milla Jovovich).
L’intrigue du film suit un groupe de militaires et de scientifiques, attachant mais pas très malin, envoyés dans The Hive, un laboratoire souterrain où une expérience scientifique a mal tourné. On découvre que des expériences secrètes sur un virus ont mené à une catastrophe biologique, transformant les employés en zombies. L’équipe envoyée sur place doit non seulement affronter ces créatures, mais aussi survivre aux pièges laissés par l’intelligence artificielle Red Queen, qui tente de contenir l’infection. Malgré la tension et l’action omniprésente, l’intelligence de certains personnages laisse à désirer. Beaucoup prennent des décisions hasardeuses, se jettent dans des pièges évidents ou réagissent de manière peu crédible face aux dangers.
Malgré ces incohérences, l’ensemble reste divertissant. Le film ne cherche pas à être un thriller sophistiqué mais plutôt un spectacle horrifique accessible et rythmé, et puis, on a cette fin ou Alice se retrouve seule dans Raccoon City, quel cliffhanger !
Même si le film s’éloigne de l’intrigue du jeu vidéo, il conserve plusieurs éléments emblématiques : les zombies, les dobermans infectés, un licker et même le Nemesis. Ces éléments permettent au film de conserver un lien avec la saga vidéoludique, même si son approche scénaristique en diverge largement.
Resident Evil est un film qui ne brille ni par son scénario ni par la profondeur de ses personnages, mais qui parvient à divertir. Il s’agit d’un pur produit de Paul W. S. Anderson, qui privilégie l’action et le rythme effréné à la cohérence ou à la fidélité au jeu vidéo. Pour ceux qui recherchent un divertissement sans prise de tête, Resident Evil reste un film bête, mais fun, qui pose les bases d’une saga cinématographique à succès, même si celle-ci finira par s’éloigner encore davantage de l’univers du jeu.
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