« Everybody died. Trouble was, they didn't stay dead. » ALICE

Lors de l’écriture de Resident Evil : Extinction, le troisième opus de la saga cinématographique inspirée des jeux vidéo Resident Evil, l’idée initiale était de conclure l’histoire en faisant de ce film le dernier de la série. Toutefois, avant même la sortie de ce troisième film, des discussions autour d’un potentiel quatrième film ont émergé, notamment sous l’impulsion des studios de production. Ainsi, le quatrième film a été annoncé alors même que Resident Evil : Extinction était encore en cours de développement, brisant l’intention initiale d’une trilogie.

Paul W. S. Anderson, scénariste de la saga, s’est donc retrouvé dans l’obligation d’introduire des éléments narratifs permettant d’ouvrir la voie à un quatrième opus. Parmi ces ajouts figurent l’apparition du vaisseau Arcadia, ainsi que la mise en avant de l’organisation Umbrella sous un nouvel angle, avec notamment l’apparition de Albert Wesker.

En 2010, Resident Evil : Afterlife sort au cinéma et marque le retour de Paul W. S. Anderson a la réalisation. Son retour derrière la caméra coïncide avec une ambition nouvelle : exploiter la technologie 3D stéréoscopique qui va totalement ruiner le film à mon goût…

Le film s’ouvre sur une scène d’action où Alice et ses clones prennent d’assaut le QG d’Umbrella, dirigé par Albert Wesker. Ce passage est censé marquer un tournant dans la saga, avec un affrontement frontal contre le grand antagoniste. Cependant, cette séquence vire rapidement au chaos excessif, où explosions, ralentis et combats chorégraphiés de manière outrancière prennent le pas sur toute tension dramatique. Paul W. S. Anderson, friand de la technologie 3D, l’exploite ici sans subtilité : chaque mouvement est prétexte à un effet visuel en relief. Mais au lieu d’enrichir l’expérience, cette 3D maladroite rend l’action artificielle, à tel point que l’on a parfois l’impression de regarder une cinématique de jeu vidéo ratée plutôt qu’un film.

Dès cette première scène, la direction prise par le réalisateur est claire : ce n’est plus un film racontant une histoire avec des personnages et des enjeux, mais un enchaînement de séquences pensées uniquement pour maximiser l’effet 3D. Cette sur-utilisation devient rapidement envahissante et tourne au ridicule, notamment lors du combat dans les douches contre le bourreau, une créature au design impressionnant mais dont l’apparition ne sert qu’à justifier un déluge d’effets visuels. Loin d’ajouter une atmosphère horrifique ou un véritable sentiment de danger, cette séquence illustre parfaitement le problème du film : un jouet technologique mal maîtrisé prenant le pas sur la narration et l’immersion.

Milla Jovovich et Ali Larter reprennent respectivement leurs rôles d’Alice et Claire Redfield, mais leurs personnages peinent à exister au-delà de leur simple présence à l’écran. L’un des rares éléments scénaristiques potentiellement intéressants du film est la perte des pouvoirs d’Alice, ce qui aurait pu ramener un peu de tension en la rendant plus vulnérable. Malheureusement, cela ne change pratiquement rien à la dynamique du film, puisque les scènes d’action restent tout aussi exagérées et dépourvues de réalisme. Quant à Claire, elle se retrouve amnésique, un procédé scénaristique éculé qui n’apporte aucune réelle nouveauté à son personnage et ne sert qu’à retarder artificiellement certaines révélations.

Alice et Claire rejoignent un groupe de survivants cherchant l’Arcadia, une terre promise qui était censée être une île dans le film précédent mais qui, par un tour de passe-passe scénaristique, devient ici un bateau. Parmi les survivants, on retrouve quelques visages connus comme Boris Kodjoe et Kim Coates, qui parviennent à se démarquer un tant soit peu, mais la majorité des autres personnages ne sont que des figurants voués à être éliminés les uns après les autres. Leur caractérisation est quasi inexistante, et on peine à s’attacher à eux, rendant leur sort totalement insignifiant.

Wentworth Miller en Chris Redfield, personnage emblématique de la saga, aurait dû être un moment marquant. Malheureusement, son introduction est pour le moins étrange : on le découvre enfermé dans une prison, un clin d’œil volontairement comique à Prison Break, la série qui a fait la renommée de Miller. Son interprétation de Chris Redfield ne brille pas par son originalité, tant il semble reprendre les mêmes traits que ses rôles précédents. Si son personnage bénéficie d’un traitement un peu plus soigné que la plupart des autres survivants, il reste néanmoins sous-exploité et peine à s’imposer comme un véritable protagoniste dans l’histoire.

La partie du film se déroulant dans la prison est d’une platitude affligeante. L’action, censée être le moteur principal du film, n’est ici qu’un prétexte à multiplier les effets 3D. On ne ressent aucun enjeu réel, aucune menace palpable. Les personnages sont vides, les scènes d’action sans intensité, et l’ensemble manque cruellement de suspense. Puis vient la deuxième partie sur l’Arcadia, qui se révèle être tout sauf la terre promise tant espérée. Ce revirement aurait pu être intéressant s’il avait été mieux exploité, mais il se contente de servir de décor à un climax fade et sans imagination.

Shawn Roberts reprend le rôle d’Albert Wesker après Jason O’Mara, et il livre une prestation digne d’un méchant de dessin animé. Loin de l’aura menaçante et machiavélique du personnage des jeux vidéo, ce Wesker cinématographique ressemble davantage à une parodie tant il force les expressions et en fait des tonnes. Son combat final contre Alice et ses alliés aurait pu être un moment fort du film, mais il est complètement gâché par la mise en scène brouillonne et les abus d’effets 3D. Plutôt que de proposer un affrontement haletant et chorégraphié avec soin, la séquence n’est qu’un festival d’effets spéciaux criards qui noient totalement l’action et rendent le tout indigeste.

Le retour de Sienna Guillory en Jill Valentine dans la scène post-générique est un des rares moments enthousiasmants du film (et il dure quelques secondes). Son absence depuis le second opus s’était fait sentir, et son retour aurait pu augurer quelque chose de meilleur pour la suite. Malheureusement, après l’expérience laborieuse de ce film, difficile d’avoir envie de continuer l’aventure.

Resident Evil : Afterlife est une démonstration éclatante des dérives de la 3D mal exploitée. Plutôt que d’enrichir le film, cette technologie devient son principal argument au détriment de tout le reste. L’histoire est insipide, les personnages sont creux, et l’action, bien que présente en permanence, est d’une lourdeur écrasante. Si certains éléments, comme le retour de personnages emblématiques ou quelques références aux jeux vidéo, peuvent plaire aux fans, le film dans son ensemble est un naufrage cinématographique.

StevenBen
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Steven Benard

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