Le film avec le plus de ralentis au monde
La bande-annonce le promettait, on allait pour une fois avoir droit à « une véritable 3D », c'est-à-dire que, contrairement à des films comme Le Choc des Titans, tournés en 2D puis « gonflés » en 3D, Resident Evil Afterlife a lui été tourné directement en 3D, grâce aux nouvelles caméras développées par James Cameron pour son Avatar.
Fier de ce luxe, Paul W. S. Anderson (réalisateur du premier opus et producteur de la série, qui revient donc ici également à la réalisation) ne se prive pas de tout faire pour prouver au spectateur que le prix qu'il a ajouté pour voir le film en 3D est visible à l'écran. Le film accumule donc tout ce que James Cameron préconise de ne pas faire, à savoir user et abuser d'effets de « jaillissement » d'objets au premier plan, utilisation primaire de la 3D proche de celle utilisée pour les films montrés dans les parcs d'attraction (comme par exemple Chérie, j'ai rétréci le public à Dysneyland Paris). Si cette utilisation peut être plus ou moins amusante (surtout pour un public néophyte), elle se révèle assez limitée à la longue. De plus, de nombreux scènes d'action sont montrées au ralenti, fait habituel dans les films Resident Evil mais ici poussé à un tel extrémisme qu'il est fortement possible que ce film soit le film ayant le plus fort pourcentage de scènes au ralenti de l'histoire du cinéma.
Pour autant, ce côté outrancièrement artificiel de l'action ne réduit pas totalement le plaisir pris devant ce spectacle. D'une part car, contrairement à ce qui pouvait être le cas dans les autres opus, les effets-spéciaux sont vraiment réussis dans celui-ci. D'autre part, car ils sont au service d'actions qui assument totalement leur invraisemblance (il n'y a qu'à voir par exemple le temps incroyable que les personnages arrivent à rester en apnée – dans une séquence sous-marine dont la longueur est d'ailleurs assez inutile), les personnages affichant une assurance et une efficacité telles qu'ils se rapprochent de personnages de jeux-vidéos (ce qui ici tombe plutôt bien, admettons-le). D'ailleurs, ils semblent tous posséder des super-pouvoirs, alors que seuls Wesker (qui joue pleinement son rôle de super-méchant, ce qui est assez jouissif) et Alice sont censés en avoir (celle-ci est même censée les avoir perdus dans le film, mais ça ne change finalement pas grand chose à ses actions). Les « gentils » ont ainsi l'air de toujours vouloir se jeter dans la gueule du loup, comme s'ils étaient ignorants des pourtant immenses dangers qui les guettent. On pourrait raisonnablement se demander pourquoi ils vont sans cesse au combat, si ce n'est pour tenter de résoudre leur principal problème (en détruisant Umbrella) ou par simple goût d'en découdre (comme dans un jeu-vidéo encore une fois, qui resterait tranquille caché dans son coin à se tourner les joysticks en sachant qu'il y a des zombies à dégommer dehors ?).
Le film assume ainsi totalement son côté film d'action, toujours plus distancié de son modèle d'origine horrifique. Les seules véritables références liées au jeu-vidéo sont d'ailleurs au niveau des monstres, puisqu'on voit apparaître des zombies plus rapides et possédant des tentacules sortant de leurs bouches, des chiens divisant leurs gueules en deux, ou encore le gigantesque bourreau Majini issu de Resident Evil 5 (comme les autres monstres cités). Même l'arrivée tant attendue de Chris Redfield est au final totalement éclipsée par le fait que ce personnage fait beaucoup plus référence à la série Prison Break qu'à autre chose (et pas seulement à cause de son interprète Wentworth Miller, qui jouait Michael Scofield – il est d'ailleurs possible qu'il fut choisi uniquement à cause de ce « -field » commun).
Côté scénario, on notera l'absence totale désormais de toute problématique liée à la contamination possible des survivants (ce qui n'est pas une grosse perte) : il s'agit maintenant uniquement de combats humains contre zombies (ou affiliés). Mais on remarque surtout que l'écriture de l'histoire n'a souvent aucun sens, si ce n'est de privilégier l'action (et encore, le passage en Alaska ne répond même pas à ce critère ; mais la vérité révélée sur Arcadia étant la meilleure idée du film, on pardonnera cet écart...).
Le début du film, au Japon, est parfaitement dans cette veine. Il est par ailleurs un plagiat plus qu'évident de Matrix, avec clones d'Alice (qui disparaîtront finalement rapidement du film, contrairement à ce que Resident Evil Extinction laissait présager) tout en latex et lunettes noires enchainant les pirouettes et coups de pieds en "bullet time" derrière des piliers mitraillés ou dans une cage d'ascenseur explosant.
Le film se résume d'ailleurs en son ensemble à un sous-"Matrix contre les zombies", agrémenté de quelques sous-entendus racistes douteux. Pour autant, il est peut-être le meilleur film de la série à ce jour. Bon, ok, ce n'est pas vraiment un exploit...
PS : Le plus grand mystère de ce film, c'est quand-même de savoir ce qui a pu pousser A Perfect Circle a filé une de leur zik pour le film (même si on ne l'entend que dans les bande-annonces et pendant le générique de fin)