Tel une hydre à quatre tête, la saga Resident Evil n’en fini plus de renaître et ce même après que Paul W.S. Anderson l’est enterré avec Mila Jovovich. Son panachage entre science-fiction, agents mutagène et action frénétique avait mine de rien acquis un certain nombre de fidèles autant que de détracteurs auprès des fans de la franchise vidéoludique. C’était néanmoins sans compter sur les inspirations de Shinji Mikami et de son équipe de développeur qui n’ont jamais caché leur amour pour la série B quant ils se sont lancés dans cette entreprise en 1996, en atteste d’ailleurs l’introduction nanardesque du jeu d’origine jusqu’au dernier chapitre sortie en date qui alternait entre terreur, énigme, partie de cache-cache et des phases d’actions enlevés qui culminaient dans une arène au volant d’un tank avec burinage en règle. Resident Evil n’a pas toujours été ce jeu à l’atmosphère feutré et proposait déjà requin et serpent géant dans son bestiaire à sa sortie, ce qui se prêtait plus ou moins aux excès et délires tout azimut du cinéaste qui avait choisi d’assumer pleinement cet part d’héritage en partant dans les toutes les directions. La promesse de livrer un reboot bien plus respectueux du matériau d’origine n’était pas forcément pour nous déplaire et l’histoire reprend donc fidèlement la trame des deux premiers épisodes se déroulant simultanément pendant les tragiques événements de Racoon City qui conduiront la ville à l’état de siège apocalyptique.


De peur de s’aliéner les joueurs, le réalisateur a préféré mettre l’emphase sur le fan-service en veux-tu en voilà, et c’est d’ailleurs bien tout le problème de cette nouvelle adaptation qui a bien du mal à s’émanciper de son modèle de prédilection. On ne sera donc pas dépaysé de retrouver tous les lieux emblématiques de la série tel que le commissariat, les laboratoires souterrains, le manoir Spencer ou bien l’orphelinat. Le problème étant que ces décors sont souvent peu voir mal exploités en raison du choix de resserrer l’intrigue de deux jeux en un long métrage d’une durée bien trop étriquée ce qui ne fait que renforcer le sentiment d’urgence et de précipitation qui anime tout le récit en raison d’un décompte qui annihile au passage l’ambiance oppressante préalablement instauré et ce qui ne permet pas vraiment de nous plonger dans le même état de panique ressenti à l’époque manette en main. Troublant défaut d’un long-métrage qui à l’instar de son modèle aura souffert des mêmes reproches en tentant de renouveler l’intérêt du survival horror par une salve d’action survolté. On dénote tout de même une volonté de bien faire jusqu’au choix de reproduire certaines des séquences les plus célèbres comme le carambolage routier, la partition au piano libérant un passage secret, ou bien le Tyran dégommé au bazooka ce qui tend forcément à ridiculiser un peu le climax que l’on aurait aimé plus effroyable et détonnant.


Là où ce Resident Evil surprend déjà plus, c’est dans son choix assez discutable d’avoir recruter un casting d’acteur à l’opposé de leur représentations vidéoludique, le pire étant celle de Léon Kennedy interprété par un hispanique pleutre et maladroit, je m’en foutiste au demeurant. D’autant plus que les protagonistes semblent souvent désincarnés à l’écran et réduit à l’état d’archétype (un peu comme dans le jeu finalement) clamant leur identité haut et fort afin d’en faire profiter toute l’assemblée qui se sentira un peu hébété devant tant de dialogue sur-explicatif. De là à dire que les joueurs sont tous des imbéciles, il n’y a qu’une pierre à mettre dans l’oeil d’une statue. Heureusement quelques scènes sortent du lot comme cette phase d’exploration nerveuse dans les couloirs du manoir qui aboutit à la mêlée générale face à une horde de zombie. Pour le reste, le film ne réserve aucune surprise si ce n’est qu’il se mue en hommage rétro à travers des références plus ou moins appuyés aux années 90 que ce soit lors d’un dialogue mettant en avant la franchise de restaurant Planet Hollywood, d’un morceau des 4 Non Blondes lors d’une intermède musicale, ou d’un pilote qui joue à Snake sur son vieux Nokia ce qui devrait plaire aux trentenaires comme moi. Il est à parier que ce reboot va considérablement diviser la communauté étant donné ses maigres qualités et nombreux défauts. Visiblement, Johannes Roberts n’a pas cru bon d’opérer à quelques réajustements narratifs pour éviter de reproduire l’erreur de bon nombre de ses homologues s’étant cassés les dents sur ce genre de transposition. Paradoxalement, c’est en cherchant à reproduire trop fidèlement l’univers original que le réalisateur échoue à livrer une œuvre cohérente faute à une écriture convaincante. Une scène post-générique viendra rappeler que nous ne venons que d’assister au démarrage d’une nouvelle saga à en devenir et qui ne verra probablement jamais le jour, preuve s’il en est que la plupart des productions actuels ne cherchent même plus la singularité mais bien à franchiser.


Si tu es un zombie abruti par le consumérisme ou bien un crétin congénital obsédé par les réseaux sociaux… Il n’est pas trop tard pour te ramener à la vie. Rends-toi sur L’Écran Barge pour une dégustation gratuite de tripailles et de jambonneaux, du moins si tu es un cinéphile doté de bon goût et surtout d'un cerveau.


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le 27 févr. 2024

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