Mourir n'est plus un choix qui nous appartient.
Cette rentrée est celle de Resident Evil. Nouveau film de Paul W.S. Anderson, puis cette seconde bobine en images de synthèse, le terrain a été préparé pour que le sixième opus de la saga vidéoludique ait toute l’attention des joueurs. Néanmoins on connait Capcom comme étant un spécialiste pour faire parler de ses produits, mais pas toujours de la meilleure façon, et son précédent film, Resident Evil – Degeneration, censé accompagner la sortie de Resident Evil 5, était non seulement ennuyeux, mais dans sa globalité visuellement raté. Pas la peine non plus de parler de la série télé Street Fighter ou des films, dont celui avec Van Damme ou le dernier avec Kristin Kreuk, ça ne serait que remuer le couteau dans la plaie. Il arrive cependant que la firme japonaise remonte sa cote grâce à des produits de qualité, dont évidemment Street Fighter Zero, formidable anime fêtant les 10 ans de la saga, lui même soutenu presque 10 ans plus tard par deux autres animes dédiés à l’univers de Ken et Ryu. Inutile aussi de préciser que lorsqu’elle nous sort des produits comme l’adaptation ciné d’Ace Attorney, on aurait envie de lui pardonner toutes ses erreurs de parcours.
Bref, gardons la tête froide et plongeons-nous dans ce Resident Evil: Damnation. Première chose, Capcom a choisi de laisser de côté tout ce qui avait été fait avant, jeux-vidéo et films. Ça commence même par une introduction en animation 2D avec des superpositions de calques, probablement parce que c’est beau et à la mode, et on nous explique que les pays rendus indépendants après la séparation de l’URSS sont maintenant convoités par les Russes et les Américains qui veulent s’approprier leurs ressources, s’étant rendus compte que seuls eux en possédaient sur leurs terres (comme quoi les Slaves ont pas fini d’en baver). Capcom dispose quand même d’une bonne écriture et balance des pics autant que possible envers les States, notamment durant l’intro qui fait clairement référence à la guerre en Irak, ou via le personnage de JD qui ne peut s’empêcher de dire que l’Amérique il rêve d’y aller car il raffole de la malbouffe. Le paroxysme est d’ailleurs atteint lorsque Leon est interrogé sur le pourquoi de la présence d’une arme dans ses affaires, ce auquel il répond que tout le monde est armé aux Etats-Unis, et ce depuis la création du pays.
Marrant, assez inattendu, on sent que Capcom a voulu voler un peu plus haut que ses sphères habituelles, et semble avoir laissé plus de liberté au scénariste Shotaro Suga, qui nous livre quelque chose de bien plus cru que le Degeneration qu’il avait écrit et plus proche de Ghost In The Shell Standalone Complex.
Autre choix qui vient faire écho à celui d’Anderson avec Retribution, Capcom abandonne beaucoup de choses, finies les références au virus-T et adieu Umbrella. En somme hormis Leon, Ada, et évidemment les zombies, vous n’aurez guère de liens avec le jeu-vidéo mais davantage affaire à un produit qui s’en éloigne pour mieux tenter de surprendre son public.
Néanmoins tout n’est pas parfait dans ce survival. Les baisses de rythme sont fréquentes, ce qui vient entacher l’efficacité de certains passages (celui avec la porte coincée est une franche réussite). Ensuite la bobine calque l’absurde des films d’Anderson. Ne vous attendez pas à une action réaliste façon The Walking Dead, ici Leon se bat à mains nues contre des écorchés, sautille dans tous les sens, Alice n’a qu’à bien se tenir !
Autre point laissant une impression mitigée, les décors fourmillent de détails et les plans panoramiques sont légion afin de bien nous montrer l’immensité du boulot accompli, mais en revanche les personnages laissent bien plus dubitatifs. La motion-capture est satisfaisante (en particulier lors des combats, celui entre Ada et Svetlana est fantastique), mais les visages paraissent huileux, Leon a l’air d’avoir du gloss, tout le monde manque de charisme et les expressions sont franchement ratées, à l’inverse du récent Starship Troopers Invasion.
La bobine se montre également un peu longuette. 100 minutes handicapées par un peu de vide, c’est long, et encore pire lorsque des pseudos retournements de situations viennent faire irruption. Dommage, car les moments épiques ne manquent pas, notamment lors d’un final titanesque qui comblera les amateurs d’action survoltée.
Resident Evil: Damnation a donc beaucoup de qualités, mais aussi de gros défauts. Cela étant on ne peut pas cacher le fait qu’il est bien meilleur que Degeneration, et offre suffisamment de bons moments, faisant aussi bien froid dans le dos qu’ils peuvent rendre hystérique.