Resident Evil en film, ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Et pour cause, beaucoup pensent que l’adaptation cinématographique s’arrête à la saga de maintenant six films, signée par Paul W.S. Anderson. Un ensemble de bousins débiles au possible qui se veulent être des hommages aux jeux sans pour autant avoir l’air de longs-métrages dignes de ce nom. Mais en y regardant de plus près, ils découvriront que la société génitrice de la franchise vidéoludique, Capcom, est à l’origine de films d’animation (Degeneration en 2008 et Damnation en 2012). Des DTV purement commerciaux et adressés exclusivement aux fans de la première heure, qui ont toutefois le mérite d’être bien plus regardables et appréciables que les tâcherons vomitifs d’Anderson. Pour comprendre à quel point le fossé est immense entre ces derniers et les divertissements de Capcom, il suffit de s’arrêter en cette année 2017 et de comparer le dernier film live (Resident Evil : Chapitre final) ainsi que le troisième opus fait par ordinateur qui nous intéresse ici, à savoir, Resident Evil : Vendetta.
Le premier atout dont peut se vanter d’avoir Vendetta comparé au film d’Anderson, c’est d’avoir un scénario. Non pas que celui-ci soit extraordinaire, ayant tout d’une série B de bas étage : nos héros devant sauver le monde d’un psychopathe prêt à contaminer la Terre entière. C’est tout aussi cliché et ridicule, d’autant plus que le script n’a pas peur des ellipses et autres facilités d’écriture, donnant l’impression de sauter bien des étapes de l’intrigue pour respecter une durée rachitique de 1h30. Mais quelque part, comme les opus précédents, Vendetta prend le temps de poser les bases de son histoire. De proposer des personnages bien plus attachants et charismatiques le temps de quelques scènes. Et surtout, de livrer un scénario qui soit cohérent de bout en bout, s’imbriquant dans la saga vidéoludique sans faire défaut à ses prédécesseurs ni aux nombreux jeux existants. Bien qu’il soit conseillé de connaître ces derniers ne serait-ce qu’un minimum pour connaître les personnages et l’univers Resident Evil (le film étant un chouïa hermétique aux profanes), Vendetta parvient sans mal à raconter son histoire convenablement et à tenir le rythme jusqu’au générique de fin… à défaut d’innover et de se sortir de son statut de série B.
Là où Vendetta se démarque également par rapport au Chapitre final d’Anderson, c’est par ses séquences d’action. Loin d’être spectaculaires et ambitieuses, elles sont pourtant bien plus abordables que dans les films live. Un constat que nous devons principalement à un montage beaucoup plus posé et à une utilisation de ralentis sans abus, rendant le long-métrage non pas clipesque mais lisible. Et grâce à cela, quelques-unes de ces scènes gagnent même en jouissance car jouant à fond la carte de l’iconisation des personnages cultes de la franchise (Chris Redfield et Leon S. Kennedy filmés comme des héros à part entière) et les faisant se déchaîner face aux zombies (on croirait voir des ersatzs de John Wick défourailler du mort-vivant). Certes, nous sommes à des années-lumière de l’essence même Resident Evil, à savoir, de l’action dans une atmosphère tendue et angoissante (malgré une introduction plutôt réussie dans un manoir, clin d’œil au tout premier jeu). Mais le tout reste agréable à suivre si l’on veut éviter de se prendre la tête… et de se taper une migraine épileptique avec le Chapitre final !
Et il est impossible de conclure cette critique sans parler de l’animation ! Pour ceux qui suivent la trilogie de Capcom, ils ont remarqué que chaque film adoptait le visuel des jeux de leur époque : Degeneration s’accorde avec Resident Evil 5 et Damnation au spin-off vidéoludique intitulé Révélations. Il est donc normal qu’en termes d’évolution graphique Vendetta se rapproche de Resident Evil 6 et se montre bien plus agréable pour la rétine que ses aînés. En effet, le film se permet des jeux de lumière plus convaincants, créant pour l’introduction une ambiance angoissante efficace, et un visuel bien plus détaillé qu’à l’accoutumée (notamment pour ce qui est des décors et accessoires). Cependant, à cause d’un budget plus restreint que les autres films d’animation sortant en salles, Vendetta n’arrive toujours pas à se défaire des carences techniques de ses prédécesseurs. Comme des textures graphiques négligées, se remarquant lors des gros plans ou bien des instants gores (le sang donnant un côté cartoonesque), conférant à l’ensemble une animation assez glaciale. Ou bien la performance capture, toujours exploitée au minimum de ses capacités et livrant pour le coup des personnages inexpressifs, à la gestuelle des plus approximatives. En clair, comme pour Degeneration et Damnation, Vendetta ne donne nullement l’impression d’être un film. Mais plutôt un banal montage enchaînant les cinématiques d’un jeu vidéo. Et pour quelqu’un n’étant pas un mordu de la console, le visionnage de ce long-métrage peut s’avérer très frustrant et hermétique.
À l’instar de ses prédécesseurs, Vendetta n’est qu’une série B d’animation sans ambition, qui n’a pour but que de compléter la saga vidéoludique sans toutefois lui apporter quoi que ce soit. Cependant, cet opus reste également une bien meilleure adaptation que les films de Paul W.S. Anderson. Sachant se montrer regardable, divertissante et surtout respectueuse du matériau d’origine. Le minimum syndical pour intéresser les aficionados des jeux. Mais il en faut tout de même bien plus pour attirer l’attention des profanes, qui passeront à côté de ce titre sans jamais en entendre parler de leur vie. Pouvons-nous le leur reprocher ? Non, cela va sans dire…
Critique sur le site Cineseries --> https://www.cineseries-mag.fr/resident-evil-vendetta-un-film-de-takanori-tsujimoto-critique-103215/