Il suffisait de continuer sur la lancée, mais non! Il a fallu que ça tourne à la caricature pseudo-psychiatrique. Ne vous méprenez pas, biens chers frères et soeurs, j'aime Mélanie Laurent. Elle est jolie, et malgré ses efforts pour le cacher, je peux même admettre qu'elle est douée. En tout cas, elle n'est pas en mal de reconnaissance: alors pourquoi avoir à ce point choisi la facilité? Le thème a du potentiel, les actrices aussi, mais on dirait que le scénario et la réalisation font tout pour nous faire oublier ces saines bases. L'ensemble est parachevé par un dénouement qui, s'il est attendu compte tenu de la lente décadence du film (à partir de la moitié, en gros), n'en reste pas moins prodigieusement irritant.
Pourtant, brosser le portrait d'une perverse narcissique continue à me sembler une bonne idée. D'ailleurs, la première demi-heure est plus que correcte, ça nous rappelle La vie d'Adèle, mais en moins cru, en plus doux. On est heureux de les voir s'aimer, ces filles, mais on est révolté par le déséquilibre évident de leur relation ; mal à l'aise aussi, car on se retrouve dans ces petits jeux cruels qui font souffrir l'autre et contentent l'égoïsme. La descente en flamme s'amorce lorsque Sarah, la pimbêche un peu tyrannique, se change en véritable sociopathe. A partir de là, le ton du film change. Jusque là réaliste, distillé par petites touches, il devient caricatural au point que la seconde partie ressemble à un spectacle de Guignol. Et c'est bien dommage! En effet, ce n'est pas comme si les personnages n'avaient jamais eu de relief. C'est bien pire que ça: ils perdent leur profondeur au fil du film. Je me souviens d'avoir été très intéressé par la première partie, et d'avoir bâillé au moins quatre fois pendant la seconde, tellement je ne m'identifiais plus à rien ni à personne. Bref, on se retrouve avec deux moitiés de films qui ne sont liées que par la forme.
Tiens, parlons en un peu, de la forme: notre réalisatrice en herbe a pour sûr été à bonne école, mais elle a du mal à en sortir. Tout est lisse, dans la mise en scène (à l'exception des acteurs, très bien dirigés) comme dans le scénario. On peut le tolérer au premier abord, mais on finit forcément par en avoir assez de ce symbolisme à gros sabots (mention spéciale aux crises d'asthme) qui alourdit encore une analyse psychologique déjà bien trop superficielle.

Comme je l'ai dit plus haut, je soupçonne Laurent d'avoir voulu s'assurer l'adhésion du public en lui servant du pathos bien gras, avec des vrais morceaux dedans. Je me surprends moi-même en disant ça, mais je veux croire que c'est ce qui lui a gâché son film (et son talent, qui est réel): elle a pris les gens pour des cons.
Augustin_Moreau
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le 25 nov. 2014

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Augustin Moreau

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