Oh mon Dieu!

Depuis dix ans, Gad Elmaleh s’était fait plutôt discret et rare sur les grands écrans. Parti vivre aux Etats-Unis, il a fait une pause cinéma qui lui a certainement donné l’idée de ce film hybride qui mêle le faux documentaire, la fiction et une grosse part d’autobiographie. Une œuvre très personnelle et singulière donc où il met en scène sa vraie famille et ses vrais amis autour d’une histoire de changement de religion et d’introspection personnelle. On ne va pas se mentir, avant de découvrir « Reste un peu », on était plutôt dubitatif. On craignait un long-métrage en forme d’ego trip mal négocié ou une comédie pas drôle ou encore un discours pas très fin sur les religions. Voire tout cela à la fois... Et bien on s’est trompé sur toute la ligne!

« Reste un peu » est plutôt sympathique et maîtrisé dans sa proposition hasardeuse. Et même s’il nous cueille davantage grâce à quelques moments épars, qu’ils soient forts par leur intelligence de propos ou tout simplement très drôles. En effet, c’est plus par le biais de certaines parties que par la somme de ses parties que l’on peut le louer, mais ces moments sont assez nombreux pour passer un bon moment. La première qualité du film est sans conteste la retenue, la pudeur et l’humilité avec laquelle l’humoriste, comédien et réalisateur se met en scène. Il nous présente un Gad Elmaleh en mode mineur qui sert la soupe de la comédie à ses parents, excellents de naturel. D’ailleurs, à aucun moment on se dit qu’ils jouent mal; pour des acteurs non professionnels de cet âge, c’est un excellent point. Le contraire eut certainement détruit tout le mécanisme du film. On rit d’ailleurs beaucoup grâce à eux et à d’excellents seconds rôles qui nous gratifie de situations et de dialogues à la fois drôles et naturels.

On apprécie beaucoup le discours plein de bon sens et de réflexion énoncé l’air de rien sur la religion. Il n’y a aucun prosélytisme, aucun parti pris ou aucune manœuvre hypocrite : on parle ici de la foi et des différents cultes avec acuité et une ironie parfois mordante mais toujours respectueuse. A ce titre, les séquences avec le rabbin ou celles avec le vieil homme sont d’une finesse de trait et d’analyse mêlant malice et bon sens. « Reste un peu » fait réfléchir avec humour et bienveillance. Mais il y a aussi une forme de gravité diffuse qui parcourt cette œuvre personnelle et importante pour Elmaleh. Comme un petit spleen de milieu de carrière dont ce film semble représenter une sorte de catharsis artistique. Si l’ensemble ne tient qu’à un fil et souffre d’être inégal, il peut se ranger aisément dans la catégorie des bonnes surprises.

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