Le temps est disloqué : pourquoi suis-je né pour le mettre en place?

Gus Van Sant réalise un film sur l'effacement de l'être et la proximité de la mort.

Dans Restless, c'est le romantisme lyrique qui se conjugue avec une lucidité morbide où se côtoient des héros revenus du monde des morts comme le pilote japonais kamikaze décédé pendant la guerre du Pacifique ou le garçon sorti du coma et en errance permanente depuis, et d'autres en partance pour celui-ci comme la jeune fille atteinte d'un mal incurable.

Dans un autre contexte, le leitmotiv de ce conte pourrait banalement être : s'il y a absence d'avenir envisageable il faut vivre dans un présent immanent. Profiter des plaisir de la vie pourrait devenir un impératif s'il n'était contrecarré par une forme de quiétude permanente qui fait du temps un allié caressant pour ces personnages qui n'en ont que trop peu.

Le dandysme du jeune homme et le style années folles de la jeune fille, anachroniques pour des ados de notre époque, montrent que le temps qui semble s'être arrêté n'a plus d'autre emprise que celle qu'on veut bien lui donner.

C'est au mot douceur que l'on pense en permanence lorsque l'on suit le parcours de ces jeunes gens qui se jouent littéralement de la mort et que l'on se laisse emporter par leur candeur juvénile mêlée de pragmatisme inévitable.

Malgré une une photographie presque duveteuse et une musique un peu sirupeuse signée D. Elfman, le duo d'acteurs grâcieux et la réalisation effacée laissent un goût sucré à cette histoire au fond pourtant amer.