Ce petit (au sens du budget) film de science-fiction en provenance de la République Tchèque est à mes yeux coincé entre deux positions antagonistes, le cul entre deux chaises : un soin évident apporté à la création d'un univers futuriste avec des effets spéciaux parcimonieux très bien intégrés et une portée limitée par la mobilisation d'enjeux déjà vus mille fois en matière de SF. Dans le même mouvement, on a envie de saluer la prouesse du résultat en regard des moyens tout en se résignant face à l'absence de vraie originalité dans la trame narrative, qui abat des cartes particulièrement prévisibles au sein d'un thriller qui se forme selon des lignes bien connues.
Pourtant le postulat de base est alléchant, pour qui a une inclination pour ces thématiques d'anticipation. On nage en pleine hybridation de thématiques classiques, entre "Blade Runner" (pour l'ambiance générale, même si la référence peut paraître exagérée), "Minority Report" (l'enquête policière s'en rapproche pour le coup un peu plus) et "À l'aube du 6ème jour" (parenté moins reluisante, mais qui donne en un sens une meilleure idée de la qualité globale). C'est dans cet esprit que nous est dépeinte une société futuriste de 2041 où "chaque citoyen a le droit constitutionnel de vivre une vie entière", grâce à une "technologie innovante" on peut créer un point de restauration et être ramené à la vie en cas de mort non-naturelle. Tout le mécanisme repose sur le fait que cette immense opportunité est liée à une entreprise / institution qui détient le savoir-faire et les capacités de développement.
On le voit donc venir de loin, le complot et les magouilles, lorsqu’un couple est assassiné sans que les équipes de "Restoration Point" ne puissent les ranimer... On comprend tout de suite qui sont les gens malveillants, quels sont les intérêts de la firme vis-à-vis de ce groupe terroriste (plus ils terrorisent, plus le groupe dispose d'une grande liberté pour étendre son emprise), bref, on ne peut pas dire que l'intrigue soit trépidante ou que le mystère soit passionnant. La critique de l'emprise d'une telle société, dans sa volonté de pouvoir, de son absence de scrupules, avec une privatisation rampante (la petite particularité tchèque, puisque cette société serait évidemment déjà privée dans un film américain), donne une légère caricature d'Apple et de Steve Jobs pas toujours affriolante, mais le début de questionnement sur le rapport ainsi altéré à la mort et la rigueur esthétique générale rendent l'ensemble pas désagréable à suivre.