C'est la faute à Baphomet
Avant de parler du film, il faut que je raconte un peu ma vie. Vous passerez ces premiers paragraphes ennuyeux. Et autant vous prévenir : je spoil.
Je suis tombée amoureuse des films d'horreur au cours de mon adolescence, en visionnant La Maison de l'Horreur (lui-même étant un remake de La nuit de tous les mystères, sorti en 1959), à l'époque où on enregistrait sur VHS les films qui passaient en deuxième partie de soirée sur M6 — parce qu'il fallait se coucher tôt. Je devais avoir 11 ou 12 ans et je me sentais particulièrement cool et rebelle de regarder un film avec un petit carré rouge en bas de l'écran, celui qui indiquait « interdit aux moins de 16 ans ».
Le temps passait, le genre me plaisait toujours davantage, et en 2007 la suite de ce film que je chérissais tant est sortie en direct to DVD. Ce n'est qu'en 2011, toute honteuse, que j'en apprends l'existence.
Voilà pour la petite mise en contexte.
D'abord très heureuse de retrouver cette fascinante maison, je me suis inquiétée : c'est une suite (et moi, j'aime rarement les suites), un direct to DVD, et j'ai 10 ans de plus. Bon, on se passera donc de la surprise de l'ambiance du film, d'une salle de cinéma, et de l'excitation du « Han, je regarde un film interdit aux moins de 16 ans ! ».
Les courtes premières minutes du film suffisent à confirmer mon inquiétude — qui se transforme peu à peu en déception. On nous explique rapidement ce qu'il s'est passé dans le précédent volet : un asile psychiatrique un peu hanté, un Docteur Vannacutt un peu timbré, des patients devenus fantômes un peu zombies, et des gens un peu enfermés dans ce beau bordel. On nous présente Ariel, la sœur d'une survivante, et tout s'enchaîne si vite que l'on se retrouve déjà coincé dans la maison de l'horreur avec des gentils et des méchants avec des flingues. Bon.
C'est le gros défaut du film : il est trop rapide. En moins de 80 minutes c'est bouclé. On ne nous laisse pas le temps d'avoir peur, de s'inquiéter un peu pour ces personnages affreusement caricaturaux, on ne cherche pas à faire monter l'angoisse du spectateur. Les scènes se succèdent sans but : un peu de sang, quelques boyaux, des gens qui courent, un petit fantôme, un morceau de cerveau, des gens qui crient.
Et puis, régulièrement, on n'oublie pas de nous rappeler un petit lien avec La Maison de l'Horreur — comme ces apparitions du Docteur Vannacutt qui semble si fade dans cette suite. On s'en passerait très bien, ces clins d'œil ne servent qu'à décrédibiliser un scénario déjà bien ridicule. Non, sérieusement, des archéologues qui se battent pour récupérer une statuette cachée ? Statuette, idole de Baphomet, qui donnerait vie à la maison ? J'aurais préféré quelque chose de moins exotique, des âmes perdues qui cherchaient à se venger convenaient parfaitement.
Enfin, heureusement, il suffit de jeter la statuette dans les égouts pour que la maison se débarrasse de ses fantômes et laisse sortir le gentil couple rescapé — qui préfère toutefois s'embrasser longuement dans un ancien asile plutôt que de partir en courant. Ouf, on a presque eu peur.
Et encore, je ne vous parle même pas des absurdes fantaisies que sont l'écartèlement à l'aide de draps tendus par une force invisible, ou les fantômes lesbiennes qui veulent se taper la jolie méchante incarnée par Calita Rainford (mais il fallait bien des nanas à poil).
Je ne vous parlerai pas non plus de la décevante BO (oui, j'aurais voulu encore une fois la reprise de Sweet Dreams par Marilyn Manson) ni des effets spéciaux ratés et du jeu très passable des acteurs.
Finalement, le pire, c'est peut-être cette petite scène innocente et tellement cliché, après le générique de fin, qui nous laisse espérer une nouvelle suite.