Bien que ce film à sketches soit sorti en 1949, à une époque où la vérité sur les camps serait encore tue, je trouve qu'il y a un certain courage dans la production. Car il s'agit avant tout de montrer des visages peu reluisants d'hommes et de femmes revenus de la guerre.
Il y a cinq sketches en tout, réalisés respectivement par André Cayatte, Georges Lampin, Henri-Georges Clouzot et les deux derniers par Jean Dréville. D'ailleurs, chacun des ces courts-métrages, durant entre 20 et 25 minutes, s'intitulent Le retour de ... puis du personnage principal.


Le premier montre une famille se déchirer à propos d'un héritage familial à propos d'une femme revenue des camps et supposée morte. Cependant, traumatisée et choquée, elle est prostrée dans son lit et ne peut parler, seulement à contempler son visage hagard.
Le second est plus proche de la romance et montre un barman de retour des camps qui réintègre son poste dans un hôtel réquisitionné par un bataillon de soldates américaines.
Ensuite, le sketch suivant voit une autre victime des camps loger dans une pension et il apprend qu'un tortionnaire de la Gestapo se trouve dans une chambre voisine, gravement malade. Il veut ainsi se venger pour lui faire subir ce qu'il a vécu.
L'avant-dernier court montre un prisonnier de guerre, le 1 500 000e à revenir d'Allemagne, et constate que l'appartement qu'il occupait avec sa compagne est habitée par une autre femme, veuve, qui vit là avec ses enfants. Celle qu'il l'aimait l'ayant quitté...
Enfin, le dernier sketch voit le retour au pays d'un soldat, mais il accompagné de sa fiancée, qui n'est autre qu'une Allemande, ce qui ne va pas plaire à sa famille ni aux habitants du village...


Tout d'abord, excluons d'emblée le second court-métrage, clairement le moins bon de tous, car il n'est ni intéressant ni drôle, malgré la curiosité de voir des actrices françaises prendre un accent anglais pour tenter de parler français ! Car tout le reste est vraiment formidable, et montre un portrait peu reluisant de l'âme humaine, entre cruauté et bassesse, refus d'avancer, peur de l'autre, mais de temps en temps réside dans ce tas de fumier(s) un petit espoir, mais que d'embûches...
Pour ma part, mon choix serait le troisième court-métrage, réalisé par Clouzot, et dont on remarque assez vite, avec la photo elle aussi d'une grande noirceur, que l'horreur peut être dans un camp, mais aussi dans l'autre, et que la guerre, pour certains, ne sera jamais terminée.


De plus, soulignons l'incroyable casting avec pêle-mêle Bernard Blier, François Périer, Louis Jouvet, Noël-Noël et Serge Reggiani. Je suis surpris que le film soit aussi peu cité quand on parle de Clouzot, mais à un sketch près, on frôlait la grande réussite.

Boubakar
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le 22 avr. 2021

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