On peut diviser Retour à Montauk en deux parties: la première relatant le quotidien mouvementé de Max Zorn, écrivain débarquant à New-York pour présenter son livre; puis la deuxième, toujours à New-York (ou plutôt à deux heures en voiture) où ce même écrivain revoie un ancien amour, Rebecca, laquelle est le personnage central de son livre, et avec qui il ressuscite des souvenirs et la possibilité d'un futur. La première, à nos yeux, nettement plus trépidante, intrigante et profonde tandis que la seconde séduit quand elle peint le tremblement intérieur de l'émoi avant de s'enliser dans des bavardages de mélo, l'évitant tout de même grâce à quelques émotions vraies et des scènes d'une certaine beauté à la T. Malick.


"De la vie, il ne te reste que la détresse d'une évasion manquée": voilà un vers de Tristan Tzara qu'aurait pu citer Max Zorn, à l'orée de sa vieillesse, au détour d'une interview ou d'une lecture publique afin d'illustrer sa réflexion sur le temps, le regret et le remords. Mais celui-ci préfère personnifier sa réflexion en confrontant deux femmes, l'une désirée mais perdue et l'autre choisie par dépit, la première devant faire selon lui l'objet d'une quête qui ne doit jamais être suspendue. A partir de cette image et de cette dualité se noue un film se déroulant parmi un New-York moderne, gris et froid, entreprenant et égoïste où finalement il ne trouve pas sa place, et où par conséquent il cherche une issue, un lieu où exister, qui ne peut être que hors de la ville et de son temps.


Voilà ce qui le mène à rechercher l'objet de sa quête et de son désir ancien, incarné par Rebecca. Leur retrouvaille inaugure dès lors un autre film, en dehors de la ville et de sa modernité, dans des lieux de mémoire où resurgit un passé magnifié que Max voudrait réécrire pour le rendre présent. Malgré quelques plans travaillés, une caméra aussi tremblante que Rebecca, des plans lumineux et minimalistes accompagnés d'une musique classique bien choisie et des jeux de focalisation traduisant la psychologie des personnages, cette seconde partie perd assez vite de son intérêt une fois que le désir est satisfait et que la parole de l'écrivain aux relents de bonimenteur prend le dessus sur l'émotion pure pour la corrompre.


Bien que la fin nous semble un peu gâchée, il faut dire qu'un certain charme opère, le talent des deux acteurs principaux aidant (sans oublier le fascinant Niels Arestrup, au rôle assez court mais symbolique dans sa passion destructrice et égoïste) ainsi que l'ambiance mélancolique de ce constant décalage temporel. Un film avec une grâce fugitive mais persistante comme le souvenir.

Marlon_B
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le 27 nov. 2017

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