Le concept de suite au cinéma pourrait se décliner en deux sous-groupes. Il y a tout d'abord les suites qui existent par la force des choses, à savoir une histoire initialement prévue pour se dérouler sur plusieurs films. Il existe aussi celles qui se décident sur le tard et qui, la plus part du temps, sont corrélées au succès commercial du premier opus. Il s'agit alors plus de franchises que de réelles suites. Le sketch des Inconnus, Jesus II le retour, illustre parfaitement cette recette cinématographique.


Le temps a passé et les zombies ont évolué. Installés dans la Maison-Blanche, le groupe de choc composé de Tallahassee, Columbus, Wichita et Little Rock, n'a quant à lui pas changé. Columbus continue de suivre ses règles, Tallahassee a toujours ses lubies bizarres, tandis que Wichita et Little Rock se lassent vite et finissent par se faire la malle.


Scénario, mise en scène, acteurs… tout est conservé afin de garder l'état d'esprit de Bienvenue à Zombieland. Le spectateur retrouve avec plaisir le casting original formant cette sorte de famille recomposée, Emma Stone, Abigail Breslin, Woody Harrelson et Jesse Eisenberg. Deux personnages secondaires vont graviter autour du quatuor, Zoey Deutch en blonde écervelée (pratique en cas d'apocalypse zombie) et Rosario Dawson en bomba latina badass (et accessoirement pilote de monster truck). Retour à Zombieland conserve un rythme basé sur le road movie où les haltes alternent entre rencontres farfelues et éliminations de zombies.


Retour à Zombieland est tristement marqué au fer rouge par le récent succès de ses scénaristes, Rhett Reese et Paul Wernick. Sortant tout juste des deux opus de Deadpool, ces derniers ont visiblement cherché à appliquer la recette qui a fait ses preuves : tomber dans l'extrême caricature avec son humour idiot et ses scènes absurdes, le tout à grand renfort d'effets spéciaux.


Une des grosses déceptions du film est cette introduction où l'on nous explique que les zombies ont muté. Certains sont devenus de fins stratèges (les Hawking), de redoutables tueurs silencieux (les ninjas), des gros imbéciles inoffensifs (les Homer) ou bien de puissants zombies très résistants (les T-800). Le spectateur s'attend donc, tout naturellement, à revoir ces nouveaux zombies le long de la route du quatuor. Finalement, ce ne sera qu'une horde de T-800 faisant office de boss final et quelques Homer servant de chair à canon comique. La menace et l'intérêt que représentent ces nouveaux zombies se dégonflent, tel un ballon de baudruche, au fur et à mesure des scènes.


Dix ans après son premier film, Bienvenue à Zombieland, Ruben Fleischer revient donc avec Retour à Zombieland (Zombieland: Double Tap, le titre original est plus valorisant que le français). Peut-être que la double dose est vitale dans un monde infesté de zombies. Mais au cinéma, elle sonne plus comme quelque chose de superflu, une précaution inutile. Le film mise beaucoup sur le capital sympathie des acteurs, la seule force de ce grand délire aux allures de remake paresseux.

Vincent-Ruozzi
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le 7 juin 2020

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