Retro Puppet Master, Joseph Tenent, U.S.A, 1999, 1 h 20

Vous pensiez tous savoir des origines de la saga avec « Puppet Master III : Toulon’s Revenge » ? Et bien Charles Band et David DeCoteau vous proposent la préquelle de la préquelle ! Avec un tout jeunot André Toulon, dans le Paris de 1902, et ses marionnettes familières, mieux faites. Pour ce septième épisode de la saga « Puppet Master », Charles Band voit les choses encore plus grand, et injecte toujours plus du budget (grand fou !). Alors, où se trouve l’arnaque cette fois ?


Les décors sont travaillés, les costumes sont crédibles, les comédiens sont impliqués, la mise en scène ressemble à quelque chose et même l’histoire à du sens. Si Charles Band n’était pas omniprésent au générique, ce film se rapprocherait de loin à une production de la Full Moon. C’en est presque décevant…


Alors oui, ça se voit que c’est un petit budget et que les plateaux de tournage sont les mêmes que les précédents films, redécorés. Toutefois, le métrage bénéficie d’un savoir-faire et d’une sincère volonté de proposer au spectateur un nouveau spectacle. D’avoir reconceptualisé les marionnettes redonne également un minimum d’intérêt pour l’entreprise, d’autant que les design font plus travaillés.


Pour l’anecdote, il faut savoir que le projet est né d’une ligne de jouet créée par Charles Band. Pour capitaliser sur les ventes des figurines Puppet Master, il eut l’idée de fabriquer une série de marionnettes rétro. Pas à l’exploitation d’un filon prêt, le voilà qui produit dans la foulé un film avec ses nouveaux joujoux… Sacré Charlie !


Filmée en 12 jours en Roumanie, la réduction des coûts liés à l’exportation du tournage se perçoit dans une qualité étonnement supérieure à ce qui se faisait jusque là. Sans se montrer exceptionnel, le film est soigné et cherche à gommer les traces d’un mini budget. C’est là également le premier « Puppet Master » filmé loin d’Hollywood. Joseph Tenent (un autre alias de David DeCoteau) poursuit ici la réflexion entamée avec « Puppet Master III : Toulon’s Revenge ». Une nouvelle fois, le récit s’attarde sur l’oppression que subissent les protagonistes, sous prétexte qu’elles sortent d’un pseudo-commun voulu par une société névrosée.


Trois méchants, envoyés par les divinités détentrices du secret, cherchent à capturer André Toulon et ses marionnettes, pour les supprimer. Avec un look entre les chasseurs de primes de Pinkerton (les longs manteaux) et des membres de la Gestapo, ces zombies en verres fumés ont du style, et ne sont pas venus pour enfiler des perles. Avec un pouvoir complètement cheaté, qui tue quiconque se tient face eux, sans le moindre effort, ils se retrouvent tout de même victimes d’un scénario qui trouve une excuse bidon pour les empêcher de triompher. Par fainéantise surement, mais vu la qualité de l’ensemble, inutile de faire la fine bouche


À noter, le rôle principal de Toulon est tenu par Greg Sesteros, « Ho Hi Mark ! » dans « The Room » c’est lui ! Il fait état ici de tout son talent d’acteur, avec un très fin accent français, qui ne fonctionne bien entendu pas du tout… Mais ce n’est pas très grave, car dans l’ensemble le film passe vraiment bien, avec un petit côté toc et un visuel cheap, qui confère un charme inédit jusqu’à présent dans la franchise.


« Retro Master Puppet » démontre tout de même que la saga n’a plus grand-chose à raconter et peine à se renouveler. Cette fois, le récit remonte plus de 35 ans avant les évènements du 3, et s’imbrique difficilement au cœur de la franchise. Ou plutôt, il s’y place parallèlement. Si Charles Band semble avoir abandonné son projet de multivers (pour le moment), il apparaît tenir à l’idée de pouvoir agir un petit peu comme il veut au sein de son propre univers. Ce qui en un sens est légitime, puisque c’est lui qui fait tomber les [quelques] dollars.


Si le film se détache légèrement de la patte Full Moon, il en ressort toutefois une volonté d’ancrer solidement l’une des plus longues franchises du D-T-V. Avortée dès le premier « Puppet Master », son exploitation au cinéma aurait plus constituer une solide, bien que modeste, franchise de série B. Mais son statut de D-T-V, et la pingrerie de Charles Band en ont fait une franchise de seconde zone, star des vidéoclubs plus que des Box-Offices. Toutefois, elle demeure certainement ce qu’il y a de mieux et de plus aboutit dans ce qu’il existe de moins bien dans son genre.


Car s’il est bien une chose qu’il est impossible de retirer à la franchise (et même à Charles Band), c’est cette volonté de satisfaire son audience et en ce sens, le pari est clairement réussi pour cet opus.


-Stork._

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le 20 août 2021

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