Abonné au navet fantastico-horrifique, le méconnu (à juste titre) Louis Morneau accouche en 1997 de ce petit OVNI, une série B fauchée mais débrouillarde mêlant voyages temporels, cagnard texan et tension horrifique. Disons-le tout net, malgré des défauts évidents et handicapants, "Retroactive" est une bonne petite surprise.
Foutrement rythmé et débordant d'enthousiasme, le film dégage un charme typiquement 90s, auquel la tronche et le cabotinage de l'excellent James Belushi, en caricature de beauf sudiste, ne sont pas étrangers. Puis il y a cette audace de s'aventurer sur le terrain casse-gueule des bidouilles temporelles. Evidemment, ceux qui ont tiqué sur le scénario de "Looper" s'arracheront les zygomatiques en constatant toutes les aberrations que charrie "Retroactive", à commencer par son postulat de départ, lui-même assez bancal. Mais si on évite de réfléchir trop longtemps sur les paradoxes temporels, il faut bien avouer que le script se montre efficace, ménageant un crescendo plutôt ludique - même s'il y avait le potentiel pour aller encore plus loin dans le délire.
Si le scénario regorge d'idées futées, ça ne va pas sans un bon lot d'incohérences et de maladresses. Notamment lorsqu'il s'agit d'évoquer quelques personnages au QI remarquablement bas, comme ce flic aux confins de l'incompétence qui ferait passer l'officier Barbrady pour l'inspecteur Harry, ou ce scientifique un peu niais qui ne peut pas s'empêcher de démarrer accidentellement la machine temporelle toutes les 2 minutes. Notre héroïne siliconée n'a pas non plus forcément les lueurs d'intelligence les plus brillantes, surtout pour une supposée négociatrice.
Nonobstant ces quelques tares, "Retroactive" mérite au moins un accessit d'honneur au panthéon de la série B 90s pour son tempo maîtrisé débouchant sur un climax effréné, pour son intrusion timide mais réjouissante dans le monde des voyages temporels, et pour sa réalisation globalement fort sympathique.