En 1970, l'industrie du cinéma australien était quasiment inexistante. Presque aucun film australien n'avait été tourné dans cet immense pays depuis la guerre. Cette année là, le gouvernement décide de créé l'Australian Film Development Corp, une fondation chargé de promouvoir le cinéma australien. "Réveil dans la terreur" fut un des premier film a bénéficier de cette mesure.
Tiré d'un roman de Kenneth Cook, l'histoire avait été inspiré d'un séjour de l'écrivain dans la ville minière de Broken Hill et une première tentative d'adaptation au cinéma avait échouée dans les années 60. C'est le réalisateur canadien Ted Kotcheff qui hérita du projet relancé par le producteur européen George Willoughby.
Longtemps boudé par les australiens, qui refusèrent de considérer ce film comme un film national, malgré son co-financement à 50% par une société de production locale. Principalement en raison de son sujet dérangeant, ne montrant pas le pays sous son meilleur jour (l'alcoolisme, le massacre de la faune, les rednecks de l'arrière pays, etc...). Mais plus officiellement on préféra invoquer le fait que l'équipe technique et artistique était principalement étrangère, ce qui était une évidence puisqu'il n'y avait aucun technicien de cinéma en Australie à l'époque.
Artistiquement le film est une très belle réussite. Ted Kotcheff sous son oeil de canadien saisit très bien l'appréhension des grands espaces australien qui sont très similaire à son pays (hormis son climat...). Et apporte avec lui l'esprit du Nouvel Hollywood des années 70, osant expérimenter et faire des choses jamais faites (montage épileptique, scènes documentaires de chasses, abord de la nymphomanie). Le film se présentant au départ comme un western-road movie, se transforme en descente aux enfers dont il ne serait pas étonnant que Cimino s'en soit inspiré dans son célèbre tripot de "Voyage aux bout de l'enfer" en 1978.
Le film fut présenté à Cannes en 1971 avec un bon accueil critique, mais boudé par les autorités australiennes qui n'apportèrent aucun soutiens à la promotion du film, le film fut un échec. A l'exception d'une salle parisienne, où le film resta à l'affiche durant 5 mois. Puis le film disparue de la circulation pendant 40 ans. Avant qu'on retrouve in extremis un négatif original à Pittsburgh qui était destinée à être détruit.
Aujourd'hui le film a été réhabilité et l'Australie le considère même comme étant la pierre angulaire de la renaissance du cinéma australien avec "Roundabout" de Nicolas Roeg tourné la même année.
Notons enfin que ce fut le dernier film de l'acteur Chips Rafferty, un des rares acteurs australien de l'époque qui fit carrière dans le cinéma anglais et qui était né à... Broken Hill !