Ça fait quelques temps que je pense créer une liste intitulée "les emmerdes, ça vole en escadrille" (formule due à un de nos anciens présidents me semble-t-il). Nul doute que Revenge y trônerait en bonne place. Car enfin si la mise en scène de Coralie Fargeat ne manque pas d'audaces avec ici et là des références évidentes à de grands réalisateurs et un emballage final plutôt bien foutu, l'histoire en revanche enchaine une série d'événements hautement improbables dont l'absurdité peut finir par faire rire*.
Ça commençait plutôt bien pour Richard le beau et polyglotte entrepreneur et Jennifer, sa très accorte maitresse, tous deux amoureusement réunis dans une villa de rêve perdue au milieu des canyons marocains, mais voilà, les choses vont très vite partir en sucette (comme celle de notre Lolita de service).
Il faut dire que ce ballot de Richard n'a pas trouvé meilleure idée pour compléter son week-end en amoureux que de coorganiser une partie de chasse avec deux potes bien lourdingues, Dimitri et Stan, qui feraient passer les affreux chasseurs de Wake in Fright, le film de Ted Kotcheff, pour des enfants de chœur. Et comme rien ne se passe comme prévu, les deux potos se pointent la bouche en cœur avec 48 heures d'avance sans avoir prévenu le principal intéressé - mails, sms, twitter, whatsapp et autres moyens de communication n'ayant hélas pas été envisagés par le scénariste. Et les deux invités surprise de tomber sous les charmes de la bombasse qui ne va pas manquer de dévoiler ses plus beaux arguments.
Tout cela aurait pu virer en partie carrée assumée à la faveur de quelques canettes (en clin d’œil au film de Kotcheff justement) et d'une ivresse polissonne des quatre convives mais on se serait alors bien éloigné du projet de la réalisatrice dont l'objectif était au contraire de montrer les violences et humiliations imposées aux femmes, dans une descente aux enfers à la Délivrance de Boorman version féministe. Projet tout à fait louable évidemment mais encore fallait-il que la manière suive le fond de l'affaire. Or après être parti en vrille, le scénario part en cacahuètes.
Car ce couillon de Richard en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire va s'évertuer à créer une situation pour le moins chaotique : d'abord en minimisant l'humiliation subie par sa compagne en son absence puis en la violentant et enfin en la poussant volontairement dans un ravin afin de lui rabattre définitivement le caquet. On a vu amoureux plus transi et plus fin psychologue.
Dès lors le risque est grand - comme ça a été le cas pour moi - de décrocher du film. Car suite à un comportement aussi absurde de la part des personnages principaux on s’apprêterait presque à croire n'importe quoi.
Comme par exemple le retour à la vie de la fille littéralement empalée sur une branche d'arbre mort après sa chute de 20 mètres.
Mais non quand même, n'exagérons pas.
Personnages/interprétation : 6/10
Scénario/histoire : 3/10
Réalisation/mise en scène : 7/10
5.5/10
(*Voir l'inventaire très amusant effectué par Guyness :
https://www.senscritique.com/film/Revenge/critique/156020149 )